Les étudiants et les professeurs signent ensemble un «manifeste de l'université québécoise» exigeant du gouvernement qu'il renonce à la hausse prévue des droits de scolarité en 2012 et qu'il revoie l'aide financière pour «diminuer, voire éradiquer l'endettement des étudiants».

Car l'éducation «est un droit fondamental», insiste la Table des partenaires universitaires, qui compte notamment dans ses rangs la Fédération québécoise des professeurs d'université.

Les signataires refusent de soumettre l'université aux lois du marché et nient que les coffres du Québec soient vides. «La richesse existe au Québec. Il suffit d'avoir la volonté politique d'aller la chercher où elle est.»

Le manifeste évoque ainsi la baisse de 1 milliard de dollars de la taxe sur le capital, «qui a, avant tout, bénéficié aux plus grandes entreprises de la province».

Pour les signataires, on devrait plutôt taxer les nombreuses entreprises qui «ne paient toujours aucun impôt». On devrait aussi aller chercher «les 9 milliards qui glissent entre les mains du fisc chaque année en évasion fiscale».

Dans le même souffle, on dénonce «la mégalomanie immobilière» et «les millions de dollars engloutis par la gestion déficiente des universités».

Aussi, «il y a de quoi poser de sérieuses questions sur l'orientation que prennent nos universités quand 45% des sommes consacrées aux immobilisations proviennent des fonds de fonctionnement».

Le manifeste renvoie ici à une étude dévoilée le mois dernier par la Fédération québécoise des professeurs d'université voulant qu'entre 1997 et 2007, la part de financement des immobilisations grevée à même le budget de fonctionnement soit passée de 26% à 45%. Autrement dit, les universités québécoises puisent de plus en plus dans leurs activités de recherche et d'enseignement pour financer du béton.

Pour les auteurs du manifeste, l'éducation ne doit d'aucune façon répondre à une «logique méritocratique». Pas question «de livrer nos universités aux impératifs des lois du marché» ni de continuer de les amener à toujours plus «quémander de fonds auprès de généreux philanthropes».

Inacceptable, aussi, que l'on parte «à la recherche du «bon pauvre»» dont il serait de bonne guerre de financer les études. Les signataires rejettent tout autant l'idée d'une différenciation dans les droits de scolarité à payer, selon que l'on étudie en philosophie ou en médecine, par exemple. Cela relèverait à leur avis d'une «vision économiciste». «Les contraintes financières ne doivent pas être un facteur dans le choix des programmes d'étude», peut-on lire.

La solution avancée dans le manifeste: des états généraux sur l'université québécoise «visant à établir un plan de développement à long terme».