En excluant le Québec, le tiers des étudiants canadiens terminent leurs études universitaires avec une dette de 20 000$ et plus. Il y a 10 ans, seulement 20% des étudiants se trouvaient dans cette situation.

Des données obtenues en vertu de la Loi d'accès à l'information auprès du gouvernement fédéral, responsable de la gestion du régime de prêt, révèlent que l'endettement étudiant a augmenté.

En 2010-2011, les données préliminaires montrent que 20% des étudiants avaient une dette se chiffrant entre 20 000 $ et 29 999$ tandis que 13% des étudiants devaient plus de 30 000 $ à la fin de leurs études universitaires.

En 2000-2001, 16% des étudiants avaient une dette se situant dans la tranche 20 000 $ - 29 999 $ et 5% dans la tranche 30 000 $ et plus.

Au cours de la même période, la proportion d'étudiants universitaires avec une dette étudiante de moins de 5000 $ a baissé de 22 à 17%.

«Les étudiants dépendent de plus en plus de l'aide financière aux études. C'est pour cette raison qu'avant, il y avait davantage de prêts autour de 5000 $ alors que maintenant, les prêts sont plus élevés parce que les frais pour étudier sont plus élevés», explique Roxanne Dubois, présidente de la Fédération canadienne des étudiants et étudiantes.

Inquiétudes au Québec

Ces données n'incluent pas le Québec, puisque celui-ci reçoit des subventions du fédéral pour gérer son propre programme de prêts et bourses.

Par contre, la tendance à l'endettement est la même. Ce qui se passe au Canada, en plus de la hausse des droits de scolarité de 1625$ en cinq ans annoncée par Québec, n'a rien de rassurant, explique la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec, Martine Desjardins.

«C'est très inquiétant pour nous», souligne-t-elle en rappelant que l'étude sur l'endettement étudiant dévoilée récemment par la FEUQ démontrait que 65% des étudiants s'endettaient de 14 000 $ à la fin d'un baccalauréat de trois ans.

Les étudiants sont également de plus en plus nombreux à cumuler à la fois des prêts étudiant, familial et personnel pendant leurs études.

Le nombre d'étudiants qui a atteint le niveau maximal annuel d'endettement prévu par la loi de même que de ceux qui font faillite est d'ailleurs en hausse au Québec.

Le ministère de l'Éducation recensait 1564 faillites en 2009-2010, comparativement à 1267 en 2001-2002, tous niveaux d'enseignement confondus.

Malgré l'endettement élevé, le nombre de faillites a considérablement diminué dans le reste du Canada pendant la même période. Il est passé de 4665 à 777, indiquent les chiffres fournis par le ministère des Ressources humaines et Développement des compétences Canada.

Le fait qu'il n'y ait pas de cégep dans le reste du Canada, de même que les bourses plus importantes peuvent expliquer en partie ces disparités, avance Jacques Hamel, professeur en sociologie à l'Université de Montréal.

«Au Québec, les étudiants s'endettent dès le cégep, surtout s'ils étudient dans un programme à l'extérieur de leur ville ou s'ils prennent plus de temps pour le faire. C'est inquiétant à mes yeux, car lorsqu'ils arrivent pour faire leur baccalauréat à l'université, certains sont déjà passablement endettés», souligne-t-il.

- Avec la collaboration de William Leclerc