La réaction des groupes de travailleuses du sexe était mitigée, hier, devant la décision de la Cour d'appel de l'Ontario.

D'une part, le fait que l'interdiction de tenir une maison de débauche ait été invalidée est une victoire, ont-ils noté.

Mais ce n'est qu'une demi-victoire, puisque la Cour a refusé de lever l'interdiction faite aux clients et aux travailleuses du sexe de communiquer sur la place publique.

«C'est difficile pour moi d'être heureuse, a déclaré Amy Lebovitch, l'une des demanderesses. Peut-être que dans un an, on n'aura plus l'interdiction des maisons de débauche. Mais mes collègues dans la rue vont toujours faire face aux arrestations et aux dangers.»

Selon des groupes comme Stella et Sex Professionnals of Canada, cette interdiction de communiquer nuit grandement à la sécurité des travailleuses du sexe. Par exemple, elles n'ont pas le temps de juger un individu ni d'évaluer la situation avant de monter dans un véhicule, disent-ils.

Le professeur de criminologie à l'Université d'Ottawa Patrice Corriveau estime que la décision d'hier marque néanmoins une avancée significative pour les droits de ces travailleuses.

«C'est un pas dans la bonne direction, mais il reste encore beaucoup de chemin à faire, a-t-il dit. Ce n'est pas seulement une question pénale. C'est une question sociale: qu'est-ce qu'on fait pour réduire les méfaits?»

«C'est la porte d'entrée et ça va forcer à rouvrir le débat, mais ça ne réglera pas tous les problèmes», a-t-il ajouté.

Ottawa devra maintenant déterminer s'il portera la cause en appel devant la Cour suprême du Canada. La brève déclaration, hier, du ministre fédéral de la Justice pouvait laisser croire qu'il n'hésiterait pas longtemps: «Comme l'a dit le premier ministre, la prostitution est néfaste pour la société et fait du mal aux communautés, aux femmes et à des personnes vulnérables», a déclaré Rob Nicholson.