Carolane Chachi et son mari partagent leur chambre avec leurs quatre enfants. Pour plus d'intimité, ils ont divisé l'espace avec deux feuilles de contreplaqué et un rideau en guise de porte. Pas évident vivre entassés comme des sardines.

Les trois premiers enfants du couple occupent la plus grande section de la chambre. Les parents et leur nouveau-né dorment dans l'autre. Il y a tout juste de la place pour un lit simple, un landau et une petite télévision. La fenêtre est masquée par un drap coloré. De l'autre côté des contreplaqués, deux des enfants dorment dans des lits superposés. L'autre a un matelas simple. Ils ont aussi une petite fenêtre et un bureau avec un ordinateur. C'est là qu'ils font leurs devoirs.

L'autre chambre du sous-sol, séparée par une porte et un petit couloir, est occupée par quatre des plus jeunes frères et soeurs de Carolane. Au rez-de-chaussée, son frère dort avec sa conjointe et leur bébé. Juste à côté, ses parents ont leur propre chambre. Pas idéal pour avoir de l'intimité. En tout, ils sont 13 dans cette maison de Manawan.

«J'ai rempli un formulaire pour une demande de logement il y a trois ans, explique la jeune mère en nous montrant sa chambre. Depuis, j'attends. Je veux céder la place à mes frères et soeurs. Et j'aimerais que mes enfants aient leur maison.»

Pas de place pour un bébé

À quelques rues de là, Alexia Nequado, 21 ans, et son amoureux Shane Ottawa, 22 ans, subissent la même attente. Le couple élève son fils de un an et demi dans une maison où vivent huit autres adultes. Ils attendent depuis maintenant quatre ans pour déménager.

«On aimerait agrandir la famille, mais on n'a pas de place ici», confie la femme, assise sur le divan à côté de ses grands-parents. Son conjoint et elle n'ont qu'une petite chambre au rez-de-chaussée dans laquelle dort aussi le poupon. S'ils en ont un deuxième, ils devront lui faire de l'espace.

«C'est malpropre ici», rage Shane Ottawa en déplaçant brusquement son lit. Derrière, de la moisissure gruge lentement le mur. «Il y en a partout comme ça», dit-il. Selon le Conseil de bande, la maison est aussi en train de s'affaisser.

Le jeune père en a marre de cohabiter avec sa belle-famille. Parents, grands-parents, oncles et tantes de sa copine vivent tous avec lui. «Ça fait longtemps qu'on aurait dû avoir notre maison. Ça me choque beaucoup, mais ça ne sert à rien de chialer. [Les gens du conseil] vont m'ignorer. On a rempli les papiers, maintenant, on attend.»