Dans un effort pour gérer la crise qui frappe leurs communautés, certains conseils de bande offrent à leurs citoyens d'acheter une maison plutôt que d'être locataires. Peu nombreux sont ceux qui en ont les moyens.

À Manawan, par exemple, une maison neuve d'environ 1500 pi2 coûte quelque 100 000$. Les prix sont semblables à Lac-Simon. «C'est beaucoup d'argent pour nous», dit le responsable du logement de la communauté algonquine, Terri Babin.

En 2009, le taux de chômage chez les autochtones du Québec était de 13,9%, contre 8,1% pour le reste des Canadiens, selon des chiffres de l'Alliance de la fonction publique du Canada. Leur salaire annuel moyen est de 18 200$, et 22% d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté.

Même si les membres des Premières Nations ont accès à des programmes d'aide pour faciliter l'accession à la propriété, dont des garanties d'emprunt du fédéral, souvent ce n'est pas assez. «C'est dommage, dit le responsable des locataires de Manawan, Brad Flamand. Si les gens avaient les moyens, ils attendraient moins longtemps et feraient plus attention aux maisons.»

Mais puisqu'ils ne les ont pas, pourquoi ne pas quitter la communauté plutôt que de vivre entassés les uns sur les autres? Brad Flamand a tenté l'expérience. «Ç'a été très difficile de trouver un appartement en ville», dit l'homme, qui a vécu quelques années à Joliette, dans Lanaudière. «Il y a beaucoup de préjugés contre les locataires autochtones. Les propriétaires ne veulent pas nous louer de logement. Ils pensent qu'on ne paiera pas.»

La directrice générale du Centre d'amitié autochtone de Val-d'Or, Édith Cloutier, est témoin du même phénomène dans sa région, fortement peuplée par les Premières Nations. «Les propriétaires ont le gros bout du bâton. Entre choisir un autochtone et quelqu'un qui ne l'est pas, ils choisissent le non-autochtone dans 99% des cas, croit-elle. Pendant ce temps, ceux qui n'ont pas de place où vivre sont de plus en plus ostracisés.»