Le premier ministre Stephen Harper affirme que les Canadiens auront un choix clair aux prochaines élections: élire une majorité conservatrice à la Chambre des communes ou courir le risque de voir une coalition formée du Parti libéral et du NPD, soutenue par le Bloc québécois, prendre le pouvoir.

M. Harper a fait cette déclaration jeudi soir à l'occasion d'un rassemblement partisan à Whitehorse, au Yukon, alors qu'il poursuivait sa tournée annuelle du Grand Nord canadien.

Des stratèges conservateurs ont indiqué à La Presse vendredi que Stephen Harper a la ferme intention de mettre les Canadiens en garde contre les dangers d'une coalition libérale/néo-démocrate qui serait appuyée par un parti souverainiste durant la prochaine campagne.

«Ce sera l'un des thèmes de notre prochaine campagne. Nous sommes convaincus que si nous ne pouvons pas avoir une majorité aux prochaines élections, les libéraux, les néo-démocrates et les bloquistes ne perdront pas de temps à créer un gouvernement de coalition pour nous empêcher de conserver le pouvoir même si notre parti remporte le plus de sièges», a affirmé vendredi un stratège conservateur sous le couvert de l'anonymat.

Il y a trois semaines, Stephen Harper affirmait qu'il ne souhaitait pas d'élections fédérales à l'automne en répétant que c'était la dernière chose dont les Canadiens avaient besoin au moment où la reprise économique demeure fragile. L'économie doit être la priorité de tous les partis politiques cet automne, a-t-il plaidé.

Deux options

Mais de toute évidence, Stephen Harper ne peut s'empêcher de penser à la prochaine bataille électorale. Dans son discours à Whitehorse, il a soutenu que les Canadiens devront choisir entre deux options: donner une majorité au Parti conservateur ou voir la coalition des partis de l'opposition prendre le pouvoir.

«Aux prochaines élections, les Canadiens auront à choisir entre un Parlement stable dirigé par un gouvernement conservateur majoritaire ou dirigé par une coalition du Parti libéral, du NPD et du Bloc québécois. Quand viendra la prochaine élection, le plan de match ne sera pas compliqué. Il faut travailler très fort pour défaire cette coalition et pour s'assurer que nous avons un gouvernement conservateur majoritaire stable pour le pays», a dit M. Harper.

«Nous pouvons y arriver. Nous avons un bilan solide. Nous avons une solide équipe conservatrice. Mais avant tout, nous avons le bon sens du peuple canadien de notre côté», a ajouté le premier ministre.

En jouant la carte de la coalition, Stephen Harper veut ainsi s'assurer de couper l'herbe sous le pied au Parti libéral et au NPD dans le reste du Canada, où le projet de coalition entre les libéraux et les néo-démocrates, soutenue par le Bloc québécois, était fort impopulaire en décembre 2008 chez les électeurs.

Au Québec, l'idée d'un gouvernement de coalition pour mettre fin au règne des conservateurs jouissait d'un appui important dans les sondages.

Le Parti libéral, alors dirigé par Stéphane Dion, le NPD et le Bloc québécois avaient conclu un accord sur un gouvernement de coalition en novembre 2008, quelques semaines après les élections générales, après que les conservateurs de Stephen Harper eurent tenté de mettre fin aux subventions de l'État versées aux partis politiques. M. Harper avait réussi à sauver son gouvernement d'une défaite certaine aux Communes - les libéraux avaient déposé une motion de censure - en demandant à la gouverneure générale Michaëlle Jean de proroger le Parlement.

La coalition avait volé en éclats quelques semaines plus tard, après que Michael Ignatieff eut pris les commandes du Parti libéral. Mais cela n'a pas empêché les conservateurs d'accuser les libéraux d'avoir l'intention de reformer cette coalition après les prochaines élections afin de prendre le pouvoir.

Duceppe lance un message

Vendredi, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a aussi commencé à marteler son message électoral dans un discours devant quelque 800 syndiqués réunis à Montréal dans le cadre du Conseil conjoint des TCA Québec-Canada.

M. Duceppe a soutenu que le Bloc québécois est le seul parti qui puisse empêcher Stephen Harper d'obtenir une majorité aux Communes. Il a ainsi fait appel aux Québécois progressistes pour qu'ils s'unissent derrière son parti au prochain scrutin.

«Tous les Québécois progressistes qui veulent empêcher Stephen Harper d'obtenir une majorité doivent être très conscients de ce fait irréfutable. Au Québec, le seul parti capable de barrer la route aux conservateurs, le seul parti en mesure d'empêcher Stephen Harper d'avoir le chemin libre avec une majorité, c'est le Bloc Québécois», a dit M. Duceppe.

«Je vous le garantis: au Québec, nous allons barrer la route à Stephen Harper et l'empêcher, encore une fois, d'obtenir une majorité», a-t-il ajouté.