Le député conservateur de la Beauce, Maxime Bernier, rejette catégoriquement le projet de nouvel amphithéâtre à Québec, qu'il juge non rentable. Après avoir émis des doutes sur le financement public du futur Colisée, l'ancien ministre des Affaires étrangères condamne le projet dans une lettre publiée vendredi sur son blogue.

À l'issue du caucus des députés conservateurs du Québec, mercredi, son absence de la photo de groupe avait été remarquée, alors que ses collègues arboraient fièrement le chandail des Nordiques de Québec.

Ouvertement libertarien, Maxime Bernier prône la responsabilité individuelle et la réduction de l'État.

«Je n'ai aucunement été impressionné par les conclusions de l'étude d'Ernst & Young, qui qualifient de rentable le projet d'amphithéâtre - mais uniquement dans l'hypothèse où ce sont les gouvernements qui financent entièrement sa construction et les réparations et rénovations pour les 40 prochaines années, écrit M. Bernier. On joue avec les mots. Ce qu'il faut conclure, c'est plutôt que le projet n'est tout simplement pas rentable et qu'il constituera un fardeau financier pour les contribuables pour des décennies à venir.»

«C'est pour cette raison qu'aucun acteur privé ne souhaite y participer», ajoute-t-il.

Après la publication de l'étude d'Ernst & Young, cette semaine, le gouvernement du Québec s'est engagé à investir 45 % des coûts de construction d'un nouvel amphithéâtre dans la capitale nationale. Avec les 50 millions promis par la Ville de Québec dans le financement du nouveau Colisée, estimé à 400 millions, la part demandée au fédéral s'élèverait à 170 millions de dollars.

Pour le député beauceron, Ottawa doit, après la crise économique mondiale, régler avant toute chose son «gigantesque déficit» de 56 milliards de dollars, et «éviter à tout prix de s'embarquer dans des aventures financières risquées».

Maxime Bernier dit «partager» le rêve de voir revenir une équipe de hockey professionnel dans la région de Québec et a même mis le logo des Nordiques sur son blogue. «Sauf que les rêves ne peuvent faire fi de la dure réalité financière, souligne-t-il. C'est beau rêver, mais quand on le fait à crédit en s'imaginant que l'argent tombe du ciel, le réveil peut être brutal.»

«On ne peut pas continuer ainsi de transmettre à nos enfants la facture de projets qu'on ne peut pas se payer, conclut le député. On ne peut pas continuer d'acheter la paix en distribuant des montants toujours plus gros pour plaire à chacun, en se fermant les yeux sur les conséquences.»

Élu pour la première fois en 2006, Maxime Bernier a été ministre de l'Industrie, puis des Affaires étrangères dans le premier gouvernement de Stephen Harper, jusqu'à sa démission dans la controverse, en mai 2008, après une série de révélations concernant son ex-conjointe, Julie Couillard. Réélu en 2008 avec une écrasante majorité, il n'a toujours pas été réadmis au conseil des ministres.