Le premier ministre Stephen Harper s'en remettra aux forts liens tissés entre le Canada et l'Ukraine afin de ramener l'attention de cette république vers l'Ouest, plutôt que vers une Russie moins démocratiquement ouverte.

La première visite de M. Harper dans cette ancienne république soviétique, qui a débuté dimanche, touchera aux moments les plus sombres de l'histoire ukrainienne et aux sujets les plus sensibles de son paysage politique contemporain - un itinéraire chargé qui devrait faire vibrer une corde sensible chez le plus d'un million de Canadiens d'origine ukrainienne.

Certaines avancées effectuées dans ce pays depuis la Révolution orange de 2004 ont été annulées sous le gouvernement pro-russe récemment élu, et les incidents relatifs aux violations des droits humains, de la liberté de la presse et à la censure académique sont en hausse.

Arrivé en Ukraine après avoir pris part au sommet de la Francophonie à Montreux, en Suisse, le premier ministre canadien annoncera la mise sur pied de négociations avec l'Ukraine à propos d'un accord de libre-échange, que les deux gouvernements espèrent signer d'ici l'an prochain.

M. Harper a indiqué qu'il existait des problèmes qui concernaient les deux peuples, dont des questions de respect des droits humains, et que ces sujets allaient être abordés avec le président ukrainien, Victor Ianoukovytch.

Lorsque ce dernier est arrivé au pouvoir, les mentions du génocide par la famine commis par Staline en Ukraine au cours des années 1930 - un événement appelé l'Holomodor - ont rapidement été retirées du site Internet présidentiel.

Le gouvernement Ianoukovytch a permis à un débat sur ce qu'il s'est véritablement passé durant cette période, malgré des déclarations d'historiens, mais aussi de pays un peu partout dans le monde, dont le Canada, qu'il s'agissait clairement d'un génocide. On estime à près de 11 millions le nombre de morts lors de cette famine.

Le premier ministre Harper devrait attaquer cette question de front, avec une visite au monument de l'Holomodor, sa première étape à l'ordre du jour après son arrivée à Kiev. Il se rendra également au site de Babyn Yar, où 33 000 juifs ont été abattus en quelques jours par les Nazis. Jusqu'à 150 000 juifs de plus, incluant des dizaines de milliers qui provenaient de Rome, ont éventuellement été enterrés dans le ravin.

M. Harper rencontrera longuement son homologue ukrainien, mais également son opposante, Yulia Timochenko.