Le premier ministre Jean Charest a qualifié d'inacceptables les dépenses somptuaires du président-directeur général de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), Jean-Guy Chaput, dévoilées jeudi par le vérificateur général Renaud Lachance.

Visiblement irrité par cette affaire, M. Charest a même dit croire vendredi qu'il serait difficile pour M. Chaput de compléter son mandat, qui prend fin en octobre, puisque la confiance n'y est plus selon le premier ministre.

«Il me semble assez clair que les dépenses n'étaient pas conformes aux règles, et ça c'est inacceptable», a dit M. Charest, qui était de passage à Montréal pour y présenter l'économiste Clément Gignac qui sera candidat libéral à l'élection complémentaire du 22 juin dans le comté de Marguerite-Bourgeoys.

«(Le mandat de) M. Chaput ne sera pas renouvelé, a ajouté le premier ministre. Maintenant, compte tenu de cette réalité, à chacun d'assumer ses responsabilités. M. Chaput doit avoir l'occasion de s'expliquer auprès de son conseil d'administration. Il faut lui offrir ça et on verra les décisions qu'ils (les membres du conseil) prendront, mais dans un contexte comme celui-là, la décision me semble assez évidente que ça va être difficile pour M. Chaput de continuer dans son poste alors qu'il ne sera pas renouvelé que et la confiance n'y est plus.»

Le premier ministre a du même souffle louangé le conseil d'administration de la SODEC pour avoir demandé au vérificateur général de se pencher sur les dépenses du président.

M. Charest estime toutefois qu'il est encore trop tôt pour déterminer si un remboursement des dépenses de M. Chaput serait réclamé.

«Il est trop tôt. (...) Le vérificateur général n'est pas allé au point de dire qu'il y avait une situation telle qui demandait (un remboursement). Le VG n'a pas demandé ça», a dit le premier ministre.

Jeudi, le vérificateur Renaud Lachance a livré un rapport lapidaire après examen des dépenses de M. Chaput, affirmant que ce dernier a donné le mauvais exemple.

Le rapport faisait état de la location d'une chambre avec vue sur la mer à Cannes durant le festival de cinéma à 1300 $ ainsi que de dépenses totalisant 48 000 $ l'an dernier pour des hôtels et billets d'avion lors de ses déplacements.

Par ailleurs, l'antenne parisienne de la SODEC a réclamé 80 000 $ en «prestation de restauration» sans autre précision ou pièce justificative.

Renaud Lachance a aussi constaté que, pour l'année en cours, 200 000 $ en frais de déplacement ont été comptabilisés dans la colonne d'un programme de subventions dont l'objectif est d'aider le milieu culturel.

En conférence de presse, le vérificateur général a estimé que M. Chaput aurait dû faire preuve de plus de retenue avec les fonds publics qui financent l'organisme gouvernemental, tout en précisant, toutefois, qu'il ne s'agissait pas là d'une fraude.

L'ADQ veut un remboursement

Le porte-parole de l'Action démocratique en matière de culture, Gérard Deltell, a pour sa part demandé au gouvernement de réclamer un remboursement des sommes dépensées en trop par le président-directeur général de la SODEC et certains de ses employés.

«Quand on sait que nos artistes gagnent en moyenne 15 000 $ par année, c'est tout simplement scandaleux de voir qu'une institution devant les soutenir brûle l'argent qui leur est destiné», a affirmé M. Deltell par voie de communiqué.

«Il est impératif que la ministre de la Culture (Christine St-Pierre) récupère toutes les sommes identifiées par le vérificateur général comme des dépenses excessives et qu'elle remette l'argent aux créateurs québécois», a-t-il ajouté.