Quelques milliers de personnes ont marché dans les rues de Montréal cet après-midi pour souligner la Journée internationale des travailleurs. Du même coup, plusieurs groupes ont utilisé l'événement comme tremplin pour s'attaquer au budget Bachand.

«2010 est une édition particulière», a expliqué en marge du rassemblement, Wayne Wilson, conseiller syndical à la Centrale des syndicats démocratiques (CSQ) et porte-parole de l'événement. «Sans nécessairement oublier les luttes qui ont été menées dans les dernières décennies, nous voulons dénoncer le fait que dans ses négociations avec le secteur public ou avec le budget Bachand, le gouvernement Charest n'écoute pas la population.»Le syndicaliste s'insurge particulièrement de l'imposition potentielle d'un «ticket modérateur» ou d'une franchise pour financer le réseau de la santé. «Avec cette mesure, il veut aller piger dans les poches des travailleurs, alors qu'il gonfle les poches de ses amis avec des bonis.»

Présente à la marche, la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Régine Laurent, a également dénoncé l'attitude du gouvernement dans les dossiers liés à la santé.

«Cette année, la marche a une connotation sociale et citoyenne», a expliqué celle qui représente 58 000 travailleurs en soins infirmiers et cardiorespiratoires. «Lorsque l'on regarde les mesures mises de l'avant dans le dernier budget, comme la franchise santé, ou l'attitude du gouvernement à la table de négociation, l'on constate que c'est la sauvegarde des services publiques qui est en jeu. On s'en va vers un démantèlement du public pour que le privé arrive en sauveur.»

«Avec son dernier budget, le gouvernement Charest fait délibérément le choix de refuser de répartir la richesse, de s'attaquer aux inégalités socio-économiques et aux privilèges d'une minorité possédante. Il s'en prend plutôt aux droits et aux conditions de vie des faibles revenus et de la classe moyenne du Québec», a ajouté Marie-Ève Rancourt, porte-parole de la coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics.

Ce sont les lock-outés du Journal de Montréal qui ont ouvert la marche. Il s'agit du conflit de travail qui perdure depuis le plus longtemps présentement au Québec. Les 253 membres du Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal viennent d'entamer le 16 mois du conflit de travail.

Des représentants de la CSN, de la FTQ, du Parti québécois, de Québec solidaire, du Parti communiste ainsi que plusieurs groupes communautaires ont également participé à la manifestation.

La marche s'est terminée avec un hommage au syndicaliste Michel Chartrand, décédé il y a deux semaines des suites d'un cancer. Dans un discours, sa petite-fille Katerine Deslauriers a invité les travailleurs à poursuivre la lutte de son grand-père. «À sa mémoire j'aurais envie de vous dire que pour rendre hommage à Michel il faut continuer. Continuer à lutter, critiquer, s'éduquer et s'insurger», a-t-elle lancé à la foule.