Le gouvernement est pleinement satisfait de l'expérience pilote entreprise il y a un an: les 15 radars photo et appareils de surveillance aux feux rouges répartis sur le territoire québécois en 2009 ont incité les automobilistes à lever le pied.

En moyenne, la vitesse observée dans ces zones a diminué de 12 km/h, relève le rapport d'étape que rend public aujourd'hui le ministre des Transports, Sam Hamad, selon ce qu'a appris La Presse.

Trois mois avant le début officiel du projet pilote, les appareils avaient incité les conducteurs à réduire leur vitesse de 9 km/h. À l'époque, il était connu que les contrevenants ne recevaient que des mises en garde par la poste. Avec l'entrée en vigueur des amendes, le message a passé encore plus clairement.

En tout, 15 appareils sont en fonction au Québec. À Montréal, on a installé trois dispositifs fixes de surveillance des feux rouges, deux radars photo fixes et un mobile. Il y a quatre dispositifs en Montérégie et cinq dans Chaudière-Appalaches.

L'imminence du rapport de Sam Hamad a été évoquée à la réunion de la Table de concertation sur la sécurité routière la semaine dernière. Tout le monde y a compris que le gouvernement préparait le terrain pour donner le feu vert à l'implantation définitive du système.

Cette implantation ne peut être décrétée immédiatement puisque le mandat initial ne visait qu'un projet pilote. Toutefois, il est clair que le gouvernement va opter pour l'implantation permanente du système de contrôle, a confié à La Presse un expert informé des conclusions du rapport. On proposera de raffiner les essais en cours, de pousser davantage l'analyse des emplacements et des technologies.

Les amendements au Code de sécurité routière adoptés à l'Assemblée nationale prévoyaient que le ministère des Transports devait faire rapport des observations sur les radars photo 1 an après la mise en oeuvre du projet pilote - qui doit au total durer 18 mois.

La réduction de 12 km/h dans les zones contrôlées est déterminante du point de vue de Québec, qui s'appuie sur l'expérience internationale. Les spécialistes estiment que chaque réduction de 1 km/h de la vitesse moyenne sur les routes réduit de 3% le nombre d'accidents.

En France, on estime que les trois quarts de l'amélioration du bilan routier sont dus à l'implantation des radars photo (les accidents mortels dans l'Hexagone sont passés de 7500 en 2002 à 4200 en 2009).

Dans son rapport, Transport Québec soutient que les radars photo ont statistiquement permis de sauver une ou deux vies dans les 12 derniers mois. En outre, on compte probablement une soixantaine de grands blessés de moins. On a constaté une diminution du nombre d'accidents, qui est passé de 40 en 2005 à 26 l'an passé aux mêmes endroits.

Le rapport affirme aussi que 80% des automobilistes sont favorables aux nouveaux contrôles.

Jusqu'ici, l'implantation des radars photo s'est autofinancée, grosso modo. Elle a coûté environ 15 millions de dollars et généré autant en contraventions.

Le Québec a amélioré son bilan routier de 29% en quatre ans -  il est passé de 721 morts en 2006 à 515 l'an dernier. Toutefois, 2006 a été une année record pour le nombre d'accidents mortels: à titre de moyen de pression dans leurs négociations avec l'État, les agents de la SQ refusaient de donner des contraventions. Si on tient compte des cinq dernières années, l'amélioration du bilan est de 23% plutôt que de 29%.