Jean Charest brandit l'argument de la stabilité économique pour s'opposer au vote libre. «On vit dans un système où il y a une responsabilité collective. C'est ça, notre système politique à nous. Et quand je compare notre système à celui des Américains, je peux vous dire une chose, surtout dans le contexte économique actuel: je préfère de loin le système politique québécois», a-t-il expliqué ce matin à son arrivée au caucus de pré-session du Parti libéral, en Haute-Mauricie.

Jeudi matin, après le député péquiste Bernard Drainville, c'était au tour de son collègue Sylvain Pagé de présenter un document de réflexion, dans lequel il propose entre autres le vote libre. La chef du PQ, Pauline Marois, promet d'offrir le vote libre à ses députés au sujet du controversé projet de loi 204, qui vise à protéger juridiquement l'entente ville de Québec-Quebecor au sujet de la gestion du nouveau Colisée.

Les députés libéraux se sont gardés de demander la même chose. Ils ont été libres d'en discuter au caucus, avant que la position du parti ne soit prise. Et cela leur convient. «À l'intérieur de notre caucus, on a une liberté d'expression qui est assez extraordinaire», a assuré Stéphanie Vallée, adjointe parlementaire au premier ministre.

«Chaque fois qu'il y a une décision difficile à prendre, on en discute ensemble au caucus et après, on prend une décision. Je suis bien heureux avec ça. Ça fait 22 ans qu'on fait ça de même, et on va continuer», a affirmé Norman MacMillan, ministre délégué aux Transports. Il rappelle que les députés sont élus «pour décider».

«La politique est un sport d'équipe», a ajouté Geoffrey Kelly, ministre des Affaires autochtones. Il n'a pas répondu à la question: êtes-vous à l'aise avec le projet de loi 204?

«Toutes les discussions qui ont à se tenir se tiennent (au caucus)», a ajouté la whip du gouvernement, Lucie Charlebois. Elle soutient qu'en reprenant la position du parti, les députés représentent la volonté de leurs électeurs.

Le ministre délégué aux Mines, Serge Simard, a expliqué que les députés réussissent à représenter leurs électeurs lorsqu'ils débattent à l'interne au caucus.

Redevances: la pression monte

Le ministre des Finances, Raymond Bachand, prévoit rencontrer la presse la semaine prochaine et offrir un breffage technique pour défendre sa position sur les redevances. Il les augmenté de 12% à 16% des profits. «Je pense que je suis allé à la limite de ce qu'on peut demander sans mettre en danger le développement économique du Québec», a-t-il indiqué. Il rappelle que l'industrie emploie 35 000 Québécois.

«Il n'y a pas juste les redevances. Il y a aussi l'impôt sur le profit. On parle de 40%, 40 cents dans la piastre qui retourne dans les poches du gouvernement quand on exploite le secteur minier», a ajouté son collègue Clément Gignac, nouveau ministre des Ressources naturelles.

Mais les environnementalistes, le PQ et maintenant l'ADQ demandent de changer ce régime. Ils suggèrent que les redevances soient prélevées sur les revenus afin que l'État retire plus d'argent. Le PQ menace même de bloquer le nouveau projet de loi 14 sur les mines si la question des redevances n'y est pas ajoutée.

«On a le système le plus exigeant des quatre producteurs miniers au Canada.», a répliqué M. Bachand. Il a cité en exemple une nouvelle étude de PricewaterhouseCoopers. «Si on touche ce système-là, on va mettre en danger le développement économique», a-t-il prévenu.