Quelques mois avant le référendum de 1995, le groupe d'humoristes Rock et Belles Oreilles avait écrit ce refrain satirique: «Québécois, nous sommes québécois [...] Dans le bureau de vote/On chie dans nos culottes». Ce «frein», c'est l'économie, pense Jean-François Lisée. Selon lui, dans l'isoloir, le doute prendrait souvent la forme d'un signe de dollar. Il rappelle que, en 1995, les francophones qui avaient voté «non» «invoquaient spontanément des arguments économiques» pour motiver leur choix.

Cela ne semble pas avoir beaucoup changé, démontre un récent sondage de l'Association d'études canadiennes (AEC). L'économie arrive au deuxième rang des enjeux les mieux défendus - ou les moins menacés, selon la perspective - au Canada, estiment les fédéralistes et les souverainistes. Le sujet le mieux défendu? Les relations internationales. Le rêve d'un siège à l'ONU ne galvanise pas les Québécois.

On y apprend que près d'un souverainiste sur cinq (17,6%) croit que l'économie et l'emploi se développeraient mieux dans le Canada. Inversement, les fédéralistes font peu confiance au Canada pour protéger le français. Un peu plus du quart d'entre eux (28,4%) estiment que le français serait mieux protégé dans le Canada que dans un Québec souverain.

Mais l'économie effraie moins les indécis qu'on pourrait le croire. Ils sont plus nombreux à penser que l'économie serait mieux défendue dans un Québec souverain (27,5%) que dans le Canada (19,6%).

La dette constitue un «réel facteur de vulnérabilité» pour le oui, juge Jean-François Lisée. Il critique néanmoins ceux qui exagèrent le problème. «Lors du référendum de 1980, on s'amusait à comparer le Québec au Biafra (État sécessionniste du Nigeria). Aujourd'hui, on entend le même genre d'analogie avec la Grèce.»