Au Québec, 101 entreprises d'économie sociale aident chaque année plus de 75000 personnes âgées en faisant leur ménage, en préparant leurs repas et en les accompagnant chez le médecin. Mais depuis leur création en 1998, ces entreprises ont vu leurs subventions stagner. Si bien qu'aujourd'hui, des milliers de personnes âgées doivent se passer de ces services.

Et alors que Québec avait promis de corriger la situation dès ce printemps, l'argent se fait toujours attendre, dénonce la présidente de la Coalition des entreprises d'économie sociale en aide domestique, Marie-Claude Gasse.

«On joue un rôle crucial dans le maintien à domicile des personnes âgées. Mais puisque nos subventions sont gelées depuis 1998, on a dû augmenter nos tarifs. Et plusieurs aînés démunis ne peuvent plus s'offrir nos services», explique Mme Gasse.

L'aide financière directe offerte par Québec aux entreprises d'économie sociale est de 4$ à 10$ l'heure, selon le niveau de richesse du client. Cette aide est la même depuis 10 ans. «Parce que le salaire minimum a augmenté et que d'autres coûts ont augmenté, on a dû hausser nos tarifs», dit Mme Gasse.

De 2$ à 10$ l'heure

Des aînés qui payaient autrefois 2$ l'heure pour recevoir de l'aide domestique doivent maintenant payer 10$. «C'est trop cher, commente Mme Gasse. Plusieurs ne nous appellent plus. Où se retrouvent-ils peu de temps après? Dans le système de santé.»

Mme Gasse explique que les entreprises d'économie sociale jouent un rôle important, notamment dans l'alimentation des aînés. «Plusieurs personnes âgées sont mal nourries, dit-elle. Nous allons chez elles et nous préparons leurs repas. On fait énormément de prévention.»

Les entreprises d'économie sociale sont toujours en lien avec les CLSC et peuvent au besoin orienter une personne âgée qui commence à éprouver des troubles vers les ressources. «On connaît les aînés. Ils nous font confiance. On est leur lien avec l'extérieur», dit Mme Gasse.

Selon elle, le gouvernement dit depuis longtemps que le dossier des entreprises d'économie sociale est «prioritaire». «Mais il ne fait rien. La ministre des Services sociaux, Lise Thériault, nous avait promis que des subventions arriveraient au début du mois de mai. On les attend toujours, affirme Mme Gasse. Le gouvernement dit que les aînés sont sa priorité. Mais finalement, concrètement, ça ne paraît pas beaucoup.»

Mme Gasse aimerait que les 6000 employés des entreprises d'économie sociale du Québec, majoritairement des femmes, puissent gagner un peu plus que le salaire minimum. «Mais dans les conditions actuelles, les entreprises doivent garder leurs coûts le plus bas possible», dit Mme Gasse.

L'attaché de presse de la ministre Thériault, Harold Fortin, confirme que la ministre a rencontré les entreprises d'économie sociale en mars pour discuter de leur situation.

«On privilégie le soutien à domicile et Mme Thériault est très sensible à leur réalité, dit-il. Les entreprises d'économie sociale font partie de la solution pour le maintien à domicile des personnes âgées. D'ici quelques semaines, on pourra leur montrer le travail qu'on a fait pour régler le problème. On va leur apporter l'aide dont elles ont besoin.»