Pour une cinquième année consécutive, les infirmières du réseau de la santé du Québec ont vu leurs heures supplémentaires augmenter. En 2009-2010, elles ont travaillé 3,7 millions d'heures supplémentaires, une augmentation de 4% par rapport à l'année précédente, révèlent des données obtenues en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

La région la plus touchée par ce phénomène est Montréal, où 1,2 million d'heures supplémentaires ont été réalisées en 2009-2010. Même si elle arrive en tête du classement, la métropole peut tout de même se targuer d'avoir réussi, pour la première fois en cinq ans, à diminuer son total d'heures supplémentaires de 4300 heures.

La deuxième région présentant le plus d'heures supplémentaires travaillées par son personnel infirmier est la Montérégie (434 000 heures), suivie de Québec (400 000 heures) et de la Mauricie (206 000 heures).

La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Régine Laurent, n'est pas surprise par ces données. «On n'avait pas ces chiffres au moment des dernières négociations avec le gouvernement. Mais on savait que les heures supplémentaires augmentent depuis au moins 10 ans dans le réseau. Il fallait mettre un terme à ça», dit-elle. Mme Laurent croit que différentes mesures obtenues dans le cadre des dernières négociations permettront de diminuer le recours aux heures supplémentaires.

«Le gouvernement va entre autres augmenter le nombre de postes à temps plein. Puisque les conditions de travail seront meilleures, les heures supplémentaires pourraient diminuer. Mais il va aussi falloir agir au niveau local pour continuer de stabiliser les équipes», pense Mme Laurent.

Recours aux agences

Par ailleurs, les données que La Presse a obtenues révèlent que le recours aux infirmières d'agences par le réseau public de la santé du Québec est en hausse, lui aussi pour une cinquième année consécutive. Les infirmières d'agences privées ont totalisé de 3,2 millions d'heures de travail en 2009-2010, 13% de plus que l'année précédente. Depuis 2005, le recours à cette main-d'oeuvre indépendante a bondi de 97% dans la province.

Encore une fois, c'est à Montréal que le recours aux infirmières privées est le plus fréquent, pour un total de 1,7 million d'heures. Suivent ensuite la Montérégie avec 418 000 heures, Laval avec 206 000 et les Laurentides avec 202 000.

La dernière entente que le gouvernement et la FIQ ont signée pourrait aider à faire diminuer le taux d'utilisation des infirmières d'agences, croit Mme Laurent. Le gouvernement s'est en effet engagé à diminuer de 40% en cinq ans le recours à la main-d'oeuvre indépendante.

«Les hôpitaux ne peuvent plus signer de contrats avec des agences privées. Ça va aider beaucoup. Il était temps de faire quelque chose pour régler ça», note Mme Laurent.

- Avec la collaboration de William Leclerc