Même si le Manoir Louisiane ne respecte pas 24 critères du Code du bâtiment et a reçu un avis de la Régie du bâtiment en avril, la résidence pour personnes âgées accueille toujours plus d'une centaine de pensionnaires. Alors que la certification des résidences privées pour aînés devait être achevée au plus tard en 2009, l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal continue de donner des chances à cet établissement non conforme.

Le gouvernement achète même 31 lits au Manoir Louisiane. La directrice générale adjointe de l'agence, Louise Massicotte, confirme les faits, mais assure avoir l'établissement à l'oeil.

Le porte-parole de la Régie du bâtiment, Sylvain Lamothe, explique que «24 éléments de non-conformité» ont été observés au Manoir Louisiane, résidence pour aînés de 125 places située dans l'est de Montréal. «On parle d'absence de coupe-feu, d'installation de détecteurs de fumée et de problèmes avec certaines cloisons», note-t-il.

M. Lamothe précise que les problèmes ne sont «pas majeurs». Mais alors que les établissements qui ne respectent pas le Code du bâtiment ont normalement 30 jours pour se conformer aux règles, le Manoir Louisiane profite quant à lui d'un délai supplémentaire parce que les travaux sont quand même importants, explique M. Lamothe.

Selon nos sources, le Manoir Louisiane aurait récemment fait des rénovations et un mur de soutien aurait été enlevé, fragilisant la bâtisse. Une affirmation que nie Marie-Josée Tardif, directrice des services de santé pour la société Cogir, qui possède le Manoir Lousiane. «Il n'y a rien de dangereux et on collabore avec l'Agence pour faire les travaux rapidement», assure-t-elle.

Notons que le Manoir Louisiane n'est toujours pas certifié. Toutes les résidences privées pour aînés devaient pourtant respecter la liste de critères sociosanitaires du gouvernement, au plus tard en 2009.

Un statut douteux

Sur les 125 lits du Manoir Louisiane, 31 lits sont payés par l'État. Dans le rapport annuel 2009-2010 du centre de santé et de services sociaux Lucille-Teasdale, on indique que ces lits accueillent une clientèle de ressource intermédiaire, soit des personnes âgées en perte d'autonomie nécessitant jusqu'à 2,5 heures de soins par jour. Or, pour pouvoir accueillir des patients de ressource intermédiaire, il faut respecter une liste très précise de critères. Dont respecter le Code du bâtiment.

Mme Massicotte nie que le Manoir Louisiane soit une ressource intermédiaire. «C'est une ressource alternative», précise-t-elle. Mme Massicotte explique que le gouvernement achète des lits au Manoir Louisiane depuis plusieurs années, bien avant que les ressources intermédiaires n'existent. Le contrat du Manoir Louisiane est renouvelé automatiquement chaque année. «Mais aucune clientèle de ressource intermédiaire n'y est hébergée, assure Mme Massicotte. Si c'était le cas, l'établissement devrait respecter les critères d'une ressource intermédiaire.»

Des sources sur le terrain, de même que le rapport annuel du CSSS Lucille-Teasdale, affirment pourtant que le Manoir Louisiane est bel et bien une ressource intermédiaire.

Le responsable du secteur des établissements privés et communautaires à la CSN, Yves Lévesque, ne comprend pas qu'autant de chances soient données au Manoir Louisiane, qui fait preuve selon lui «de mauvaise volonté manifeste» à se conformer à la certification. «À Montréal, sept des neuf résidences appartenant à Cogir ne sont toujours pas certifiées. Que le gouvernement accepte que Cogir se traîne les pieds, c'est inacceptable», affirme M. Lévesque.