Un manque de secrétaire médicale entraîne des délais inhabituels aux archives de l'hôpital Pierre-Boucher. Conséquences: jusqu'à six semaines s'écoulent entre le moment où un radiologiste rend son diagnostic et le jour où le patient peut enfin avoir son résultat. Selon l'Association des radiologistes du Québec, la situation ne serait pas particulière à ce seul hôpital, mais bien répandue dans plusieurs établissements.

Jocelyne Robillard a souffert d'une pneumonie en juillet dernier. Après plusieurs jours sous antibiotiques, elle a subi une radiographie des poumons pour voir si sa pneumonie était terminée.

«Mais les médecins ont vu une tache sur un de mes poumons. Ils m'ont demandé de subir un scan. J'ai peut-être un cancer du poumon», note la dame.

Au début du mois d'août, Mme Robillard a subi une tomodensitométrie. Plus de deux semaines plus tard, inquiète et n'ayant toujours pas de nouvelles sur son état, elle a pris contact avec les archives de l'hôpital Pierre-Boucher.

«On m'a dit que le radiologiste avait bel et bien rendu son diagnostic. Mais on m'a expliqué qu'il manquait de personnel administratif pour transcrire le diagnostic dans mon dossier. On m'a dit que je devrais attendre deux mois en tout. Ça n'a pas de sens!», raconte la patiente.

Les radiologistes qui analysent les résultats des examens rendent généralement leur diagnostic sur un dictaphone. Les secrétaires médicales transcrivent ensuite ces résultats dans des dossiers, qui sont envoyés aux médecins traitants qui peuvent finalement informer leurs patients.

Normalement, il s'écoule de 24 heures à 5 jours entre le moment où le radiologiste rend son diagnostic et le moment où la secrétaire médicale fait la transcription. Actuellement à Pierre-Boucher, les délais sont de 4 à 6 semaines selon la porte-parole de l'établissement, France Descoteaux.

Manque de secrétaires

Cette dernière reconnaît qu'il y a des «délais inhabituels dans la transcription de certains résultats de radiologie» depuis le mois de mai. «C'est dû à l'absence de deux secrétaires médicales d'expérience», explique Mme Descoteaux. L'une de ces employées est partie en congé de maternité et l'autre en congé de maladie.

Deux nouvelles employées ont été embauchées. Mais elles ont dû être formées. «Et du personnel surnuméraire a été engagé pour ramener ces délais à la normale», ajoute Mme Descoteaux.

La porte-parole précise que les dossiers sont gérés par priorité et que les mammographies, les échographies foetales et les angioradiographies ne sont pas concernées par les délais. Elle assure aussi que l'information est disponible dans les 48 heures après que les radiologistes ont posé le diagnostic.

«Les médecins traitants peuvent avoir les résultats en consultant le système de dictée centrale ou en prenant contact avec les archives», dit-elle. Mais dans le cas de Mme Robillard, son médecin n'a pas joint l'établissement.

«Sur ma requête demandant de faire un scan, c'était écrit que l'examen devait être fait "dans un délai relativement court". Le scan a été fait vite. Mais j'attends le résultat! C'est inacceptable de ne pas savoir. Et si j'ai un cancer? Tous ces jours d'attente mettent ma vie en danger», déplore Mme Robillard.

D'autres cas ailleurs

La vice-présidente de l'Association des radiologistes du Québec, la Dre Viviane Nicolet, confirme que la situation vécue à l'hôpital Pierre-Boucher n'est pas unique et que d'autres établissements accusent aussi jongler des retards par manque de secrétaires médicales. «Le problème, c'est qu'il y a de moins en moins de secrétaires qualifiées», dit-elle.

La Dre Nicolet explique que les hôpitaux demandent aux secrétaires médicales de transcrire les dossiers «des cas les plus graves» en priorité. «Mais le problème, c'est que des choses urgentes, il y en a un peu tout le temps. On ne peut pas faire passer en priorité tous les cas positifs. Chaque hôpital établit ses priorités. Mais ce n'est pas l'idéal», reconnaît-elle.

En mars dernier, une situation semblable s'était produite au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). Les pathologistes de cet établissement avaient envoyé une lettre à leur direction pour dénoncer le manque criant de personnel technique et administratif. Cette pénurie causait des délais alarmants dans les analyses des biopsies et les transmissions des résultats aux patients.