Les chauffeurs d'autobus de la Société de transport de Montréal (STM) partent en croisade contre la voie cyclable de la rue Saint-Urbain, qu'ils jugent «extrêmement dangereuse». Après avoir présenté une pétition, leur syndicat va rencontrer la Ville de Montréal cette semaine afin de trouver une solution.

«Il ne faut pas attendre que quelqu'un soit tué avant d'intervenir», a déclaré hier Claude Benoît, président du syndicat des chauffeurs d'autobus de la STM.

 

La voie cyclable a été aménagée en avril 2006 pour offrir aux cyclistes un accès rapide au centre-ville. Elle est délimitée par un simple marquage au sol entre la voie de circulation et la rangée de voitures garées le long du trottoir.

Cette configuration déplaît aux chauffeurs d'autobus parce qu'ils doivent rouler sur la voie cyclable chaque fois qu'ils font descendre ou entrer des passagers, explique Claude Benoît. À sa connaissance, il n'y a eu à ce jour aucun accident grave mais, selon lui, un drame pourrait survenir à tout moment.

En avril, le syndicat a donc porté plainte à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), invoquant le fait que les chauffeurs risquaient de subir un stress post-traumatique s'ils heurtaient un cycliste. La CSST avait suggéré aux deux parties de trouver une solution, ce qui n'a pas eu lieu.

Cet été, le syndicat a fait circuler une pétition auprès des chauffeurs et récolté près de 1200 signatures. La pétition a été envoyée la semaine dernière à la CSST, au maire Gérald Tremblay et au gouvernement du Québec. Et hier, le syndicat a publié un communiqué pour dénoncer l'inaction des autorités dans le dossier.

La STM et la Ville de Montréal ont annoncé hier qu'elles allaient rencontrer le syndicat cette semaine.

Suzanne Lareau, présidente-directrice générale de Vélo Québec, doute cependant qu'il y ait un problème. Selon elle, la voie cyclable de la rue Saint-Urbain a plutôt contribué à accroître la sécurité des cyclistes en délimitant une zone qui leur est réservée.

«Je ne sais pas ce qui a piqué les chauffeurs d'autobus», a dit Mme Lareau, en colère contre l'initiative du syndicat. «Qu'il y ait une bande cyclable ou non, les cyclistes circulent toujours à cet endroit, souligne-t-elle. Sur le boulevard Saint-Laurent, il y a un flot incroyable de cyclistes et aucune bande cyclable.»

À Montréal, il y a des voies cyclables notamment dans les rues Prince-Arthur, Wellington, McGill, Viger, Saint-Jacques et Milton.