Le Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD) suscite un intérêt qui surprend même ses auteurs: la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a reçu 400 mémoires et a dû ajouter quatre jours d'audiences à son calendrier.



Après son adoption dans la controverse, en avril dernier, le PMAD sera l'objet, à compter de ce soir, des commentaires des villes, des banlieues, des agriculteurs, des écologistes, des gens d'affaires ou des simples citoyens, qui n'ont pas tous la même vision de l'avenir de leur territoire.

Plusieurs municipalités de banlieue accusent déjà la CMM d'entraver leur croissance en décrétant un gel du territoire agricole pendant cinq ans, alors qu'elles n'ont déjà plus suffisamment de terrains à bâtir.

Il y a une semaine, l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ) a même estimé «raisonnable d'affirmer que l'adoption de ce plan sonnerait le début de la fin pour la construction de maisons unifamiliales dans le Grand Montréal».

À la veille des audiences publiques, qui dureront jusqu'en octobre, ces critiques n'ébranlent pas le directeur général de la CMM, Massimo Iezzoni, qui demeure convaincu de la viabilité du PMAD.

D'ici à 2031, la population de la région métropolitaine devrait augmenter d'environ 530 000 personnes (ou 320 000 ménages). Afin de loger tous ces nouveaux arrivants sans étendre les grands réseaux d'infrastructures et de limiter l'augmentation des déplacements en automobile, le plan de la CMM prévoit que les quartiers résidentiels devront être «densifiés», en banlieue aussi bien qu'en ville, notamment autour des couloirs de transports en commun.

Le plan, si Québec l'approuve en décembre prochain, obligera les banlieues à adapter leurs plans d'aménagement aux critères métropolitains, qui ne font pas que des heureux.

«On n'essaie pas de transformer ces villes-là, proteste M. Iezzoni. On dit seulement que, à l'avenir, ce serait mieux de construire un peu plus «tassé» et d'aménager des quartiers où on n'aurait pas besoin de prendre son auto pour aller au dépanneur.»

La controverse autour du gel de la zone agricole, estime-t-il, «est devenue comme un symbole du PMAD. Ce n'est pas ça qui est en jeu. L'outil principal du plan, pour organiser le territoire, c'est la densification».

Le front du Nord

Et ça ne plaît pas à tout le monde. Au printemps, les maires des villes de la couronne nord ont fait front commun contre le projet et ont quitté la salle du conseil au moment du vote sur le PMAD par la CMM, qui regroupe les 82 municipalités de la région métropolitaine.

La Ville de Laval s'est aussi abstenue de voter, mais elle n'a jamais exprimé clairement sa position par rapport au PMAD.

M. Iezzoni sent toutefois un vent de sympathie autour des objectifs de la CMM. L'intérêt que suscitent les prochaines audiences publiques démontre à son avis «que les gens ont sans doute vu dans ce document quelque chose qui peut changer la façon dont on planifie le territoire, pour les 20 prochaines années».