The Dears @ Mission Santa Cruz

Et c'est parti pour cinq jours d'action de grâces musicales! Soirée clémente hier (malheureusement, on dirait bien que ce sera la seule, côté météo) pour le jour un de la huitième édition de Pop Montréal. Le plan détaillé des concerts du mercredi ne tenait qu'en une colonne et demie dans le programme, c'est dire que ça commence aussi modestement. Première escale: The Dears se faisant les dents sur de nouvelles compositions.

Arrivé tôt à la Mission, rue Rachel, en plein coeur du quartier portugais, pour encaisser une légère déception: non, le concert n'a pas lieu dans l'église. Ni même dans son sous-sol - c'est de la fausse publicité! On accède à la Mission Santa Cruz par une autre porte, côté est du stationnement. Au sous-sol, une petite scène au fond d'une salle pas tellement plus grande (et moins bien aérée...) que le Cabaret du Musée Juste pour rire.

Promesse tenue, The Dears balance intégralement les chansons du successeur de Missiles (2008), pour une première fois devant leur public montréalais. Intro pastorale et solennelle, le son d'une chorale qui retentit pendant que l'orchestre s'installe, avec une quinzaine de minutes de retard. Un langoureux groove rock prend pied, la guitare de Patrick Krief occupe le plus d'espace sonore possible. Accrocheur et inquiétant.

Plus rythmée, plus urgente, une excellente deuxième nouvelle chansons, Murray Lightburn y va d'une mélodie entêtante et pleine d'espoir: «We should be home tonight/ we hold each other tight». Un type déguisé en Batman pour aucune raison valable passe devant nos yeux, ça brise un peu la magie.

La ribambelle de chanson, denses décharges pop rock romantiques aux refrains particulièrement accrocheurs nous laisse espérer un album au moins aussi fort que Gang of Losers pour le groupe montréalais, qui n'a pas perdu espoir de retrouver sa place sur les hautes marches de la scène indie mondiale. Les musiciens ont les crocs, c'est clair.

Villagers @ Casa del Popolo

À la sauvette, on remonte la Main, qui n'a pas tout à fait la fièvre popmontréalaise - peu de badauds ou de mélomanes sur le trottoir en ce beau mercredi soir. En contrepartie, on croise une dizaine de camionnettes blanches de location et de cubes U-Haul, familiers des groupes en tournées qui en font pratiquement leur second home. Ça chauffe en ville, mais presque en cachette.

La Casa reçoit l'Irlandais Conor J.O'Brien, meneur du groupe néo-folk Villagers, révélé grâce au brillant premier album Becoming a Jackal. La salle, petite et chaleureuse, est bondée. Deuxième (petite) déception de la soirée: on ne goûtera pas aux arrangements soignés de Villagers, O'Brien ayant fait le voyage seul. «Pas encore le budget pour faire venir les autres», s'excuse-t-il, en promettant de venir avec le groupe, la prochaine fois.

C'était quand même fameux. Tout un compositeur, ce jeune O'Brien, qui chante des choses tendres et graves et sensibles avec sa «baby face» et sa guitare empruntée («Delta Airlines a brisé ma guitare»). C'est tout Villagers, la voix pure et d'une admirable justesse, pas une fausse note sur ces riches mélodies simplement appuyées par le jeu de guitare. Simplement beau, tout ça. Du déjà entendu, maintes fois depuis quarante ans, quatre décennies de tradition de chanson folk-pop assimilées par le jeune musicien.

Sans le travail des autres Villageois, O'Brian réduisait les compositions à leurs plus simples expressions. On écoute béatement, charmés. Premier coup de coeur, sûrement pas le dernier de ce festival.