On dit que Johanne Alice Côté est née à Rochester, dans le New Hampshire, et qu'elle a fait ses études littéraires à l'UQAM. Qu'elle a écrit un roman, L'incisure catacrote (2007), et un recueil de poésie, Mouvement d'Indienne (2008), tous deux publiés aux éditions Michel Brûlé. On ne dit pas pourquoi, comment, par quelle entourloupette du destin, ces deux premiers titres sont passés presque totalement inaperçus.

Il suffit pourtant de lire une seule des 10 nouvelles de Mégot mégot petite mitaine, qui vient de paraître chez Triptyque, pour se rendre compte qu'on a affaire à une auteure au talent exceptionnel. Ses nouvelles sont comme de petites ouvertures dans la glace d'un lac profond. Quand on s'y faufile, qu'on s'y laisse couler, c'est tout un monde qui apparaît.

 

«L'art nous doit un spasme»; «Exposition orale»; «Paragraphe pour toi mon amour»; «Les tomates pousseront d'elles-mêmes...» il y a dans ce recueil au titre chantant de vraies perles. Qu'ils soient de pseudo comédiens à la remorque d'un beau parleur qui se fait appeler master, des étudiants naïfs et idéalistes qui vénèrent la littérature et ceux qui l'enseignent, des jeunes femmes en quête de sens, avides d'extases, fuyant le doute, les personnages qui y habitent sont tous tourmentés, hypersensibles, pétris de doutes. Mais la voix de celle qui les raconte est ferme, assurée, irrésistible.

On dit que Johanne Alice Côté a remporté des prix pour quelques-unes de ces nouvelles. C'est bien le moins. Espérons qu'avec ce recueil, elle aura la reconnaissance, et surtout les lecteurs qu'elle mérite.

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Mégot mégot petite mitaine


Johanne Alice Côté

Triptyque, 129 pages, 18$