Après un spectacle à l'Astral et une participation à Osheaga, en 2010, Charlie Winston revient à Montréal avec les chansons de son nouvel album, Running Still. Le chanteur britannique, plus connu dans la francophonie que dans son pays d'origine, a voulu s'éloigner de l'image du vagabond qui collait au premier disque, Hobo.

Nul n'est prophète en son pays. L'adage devient un cliché quand on parle de Charlie Winston. Le berceau de son succès est en France et au Québec, loin de son Royaume-Uni natal. Même Audrey Tautou lui a demandé «la faveur» de jouer dans un clip de son premier album.

«Je ne suis pas du tout connu chez moi, dit-il. Au fait, je n'ai plus de chez-moi.»

Propulsé par le succès de la pièce Like A Hobo, le premier album de Charlie Winston a été certifié diamant en France et a été vendu à plus de 20 000 exemplaires au Québec. Résultat : des mois et des mois de tournée dans ses bagages.

«J'ai terminé la tournée en décembre dernier. J'ai pris quatre mois. J'avais besoin de temps pour écouter de la musique et pour remettre en question l'identité de «hobo» qu'on m'avait donnée. D'avoir à l'expliquer a fait mourir ce que c'était. Quand tu mets des mots sur un truc, ça l'enferme dans une boîte et ça en détruit l'essence. Les gens avaient une image de moi. Mais je ne suis pas un produit Starbucks qui a toujours le même goût», raconte-t-il

Pour son deuxième album, Running Still, sorti en novembre dernier, Winston a donc voulu se détacher de son image de «hobo» vagabond au chapeau. Pour lui, il n'y a rien de pire que d'être dans un moule. « C'est pour cela que je me suis exilé aux États-Unis, en Californie, pour travailler avec le réalisateur Tony Berg.»

Tous les jours, Charlie Winston allait se baigner dans une piscine. Le concept de l'eau l'a fortement inspiré, d'où le titre de Running Still. «Je voulais recréer l'effet de marcher dans une rivière. Tes pieds touchent l'eau en premier et l'eau monte sur ton corps jusqu'à ta tête, détaille-t-il. Quand j'étais jeune, j'aimais sombrer dans l'eau. Pendant un moment, tu voles et le temps s'arrête. Puis soudainement, tout bascule. »

À la première écoute, il est fascinant de constater à quel point le chanteur a un univers bien à lui à travers des chansons aussi variées. On passe du rap-électro (Speak To Me) à des airs sexy et groovy (Until You're Satisfied), puis on termine par un titre pop-rock dansant (Summertine Here All Year) et une pièce acoustique guitare/voix (Lift Me Gently) «C'est naturel pour moi. C'est même difficile pour moi d'écrire seulement dans un style. »

Running Still est plus rock et moins bohème que Hobo. «Je voulais quelque chose de plus direct avec beaucoup de rythmes et une énergie de groupe. Je voulais un son plus électrique pour les spectacles.»

Charlie Winston a les mêmes musiciens depuis plusieurs années, des gars qu'il connaît depuis fort longtemps. Mais ce fils d'une famille d'artistes et d'hôteliers est loin de la période où il gagnait sa vie comme compositeur de musique pour le théâtre, il y a six ans, avant que Peter Gabriel le découvre et le prenne sous son aile au sein de sa compagnie de disque.

«Je suis encore en train de comprendre ce qui m'arrive.»

Charlie Winston sera en spectacle au Corona, le 28 janvier.