Meilleur écran, puce plus puissante, caméra haute définition, système de reconnaissance vocale: même sans coup d'éclat, le «nouveau iPad» dévoilé hier par Apple accélérera la petite révolution des tablettes électroniques. On ne se demande plus si la tablette deviendra plus populaire que l'ordinateur. On se demande quand.

De 20 ordinateurs vendus pour chaque tablette en 2010, le ratio est passé à 6-1 l'an dernier. Le PDG d'Apple, Tim Cook, croit que la tablette deviendra plus populaire que l'ordinateur. Ce changement de garde aura lieu entre 2013 et 2017, selon le degré d'optimisme des analystes. Les sceptiques étaient pourtant nombreux quand Steve Jobs a lancé l'iPad en janvier 2010. Deux ans plus tard, une centaine de tablettes et de liseuses électroniques sont sur le marché. Environ 29% des Américains ont une tablette ou une liseuse, comparativement à 18% il y a un an, selon le Pew Research Center.

Soit, la tablette deviendrait le gadget informatique le plus populaire. Mais fera-t-elle mourir l'ordinateur? Ce scénario n'est plus impossible. L'iPad est autosuffisant et l'informatique en nuage («cloud computing») rend le disque dur d'un ordinateur moins utile. En même temps, l'ordinateur est plus efficace et plus puissant qu'une combinaison tablette-clavier. Avant d'annoncer sa mort, il y a un grand pas à franchir.

Pour l'instant, l'iPad ne cannibalise pas les ventes d'ordinateurs d'Apple, en hausse de 6% au dernier trimestre de Noël par rapport à l'année précédente. C'est toutefois l'iPad (9,1 milliards de revenus, 15,4 millions d'unités au dernier trimestre) qui est devenu le deuxième produit vedette d'Apple, devant les ordinateurs Mac (6,6 milliards de revenus, 5,2 millions d'unités), mais loin derrière l'iPhone (24,4 milliards de revenus, 37 millions d'unités).

En plus des ventes, l'iPad accumule aussi les critiques. En matière de pratiques anticoncurrentielles. En matière de retombées économiques aux États-Unis, où l'entreprise compte 47 000 employés contre 700 000 chez ses sous-traitants à l'étranger. En matière de conditions de travail chez ses sous-traitants en Asie, où les salaires seraient d'environ 1,83$ l'heure selon le New York Times. Dans 40% des usines, la majorité des employés travaillent davantage que la limite des 60 heures/semaine imposée par Apple. En 2011, quatre employés ont été tués et 77 autres blessés dans des explosions chez Foxconn, le plus important sous-traitant d'Apple en Chine. En 2010, une dizaine d'employés se sont suicidés et Foxconn a installé des filets de sécurité dans ses usines.

Devant autant de critiques, Apple a mandaté un organisme indépendant pour inspecter les usines de ses sous-traitants et rendre ses conclusions publiques. Foxconn a haussé le salaire de ses employés tout en réduisant leurs heures supplémentaires. N'empêche, les activistes ont déjà trouvé leur slogan: non aux «iSweatshops».

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