George Gillett envisage de vendre le Canadien de Montréal.

Le propriétaire du club de hockey a mandaté une firme pour étudier toutes les possibilités financières liées à l'avenir de son équipe, du Centre Bell et du Groupe Spectacles Gillett, a confirmé dimanche à La Presse le président du Canadien, Pierre Boivin.

«Effectivement, la firme BMO Marchés des capitaux a reçu le mandat d'évaluer toutes les stratégies possibles entourant les propriétés de la famille Gillett à Montréal, a indiqué M. Boivin. On peut parler de capitalisation, de restructuration du financement, de nouveaux investisseurs ou carrément de vente des entreprises. Le processus a été déclenché, mais on est encore au début des démarches.»

«On ne se le cachera pas, on traverse une période économique très difficile, a ajouté Pierre Boivin. Les banques sont réticentes à financer même de très bons projets. On le voit dans l'immobilier. Ces conseillers vont s'assurer de maximiser les actifs des entreprises et réorienter au besoin les stratégies financières de la famille Gillett.»

«La famille Gillett a retenu les services de quatre groupes de conseillers financiers en Europe, aux États-Unis et au Canada pour établir des stratégies pour l'ensemble des entreprises de la famille, a poursuivi M. Boivin. On parle d'un très large éventail d'entreprises et d'actifs qui sont de bonnes compagnies. Il y a le club de soccer de Liverpool, le NASCAR, le Canadien et le Centre Bell, mais il y a aussi des entreprises dans le secteur alimentaire, des terrains de golf, des stations de ski. Le groupe Gillett est très diversifié.»

M. Boivin a parlé d'une réflexion profonde et ouverte à toutes les possibilités. «Ça peut entraîner des refinancements, ça peut entraîner l'arrivée de nouveaux investisseurs, ou purement et simplement la vente de certains actifs», a reconnu M. Boivin.

Appel à Jacques Ménard

Pour ses actifs à Montréal, George Gillett a joint personnellement le président du conseil d'administration de BMO Marchés des capitaux, Jacques Ménard, il y a de cela quelques semaines.

Figure très connue du milieu bancaire et de la finance, Jacques Ménard dirige les équipes de BMO Marchés des capitaux dans leur travail. «M. Gillett m'a contacté, a indiqué M. Ménard. On se connaissait bien puisque Molson nous avait confié le mandat de trouver un acheteur pour le Canadien et le Centre Bell il y a une dizaine d'années. Nous avions travaillé avec Morgan Stanley aux États-Unis. Je suis tenu à un devoir de réserve concernant le mandat donné à BMO. Je peux cependant dire que nous allons tout étudier et analyser dans les limites de notre mandat et remettre différents scénarios à notre client. Les autres groupes financiers feront la même chose. C'est le client qui décidera, en dernière analyse, ce qui est le mieux pour ses intérêts.»

Jacques Ménard est aussi connu pour avoir mené la vente des Expos de Montréal de Charles Bronfman à un consortium d'hommes d'affaires canadiens au début des années 90. Il avait aussi joué un rôle très important dans le sauvetage temporaire des Expos par le marchand d'art new-yorkais Jeffrey Loria, au début des années 2000.

Premiers échos en novembre

Les premiers échos d'une possible mise en vente du Canadien datent du mois de novembre dernier. «L'équipe est à vendre», avait déclaré à La Presse le cochef de la direction de Research In Motion, Jim Balsillie, qui cherchait alors depuis deux ans à acquérir une franchise de la Ligue nationale de hockey.

George Gillett avait nié avec véhémence l'affirmation de M. Balsillie. «En cette année du centenaire, alors que nous nous préparons à présenter le match des Étoiles et que nous avons les meilleurs partisans du monde et une équipe extraordinaire, j'ignore pourquoi quelqu'un voudrait inventer une telle histoire», avait-il déclaré. Dans les jours qui ont suivi, il s'en était pris verbalement à La Presse et à ses journalistes.

En décembre, le Sports Business Journal avait rapporté que M. Gillett tentait de refinancer une dette personnelle de 75 millions de dollars américains, pour laquelle il a donné en garantie sa participation dans son club de soccer de Liverpool. Il avait emprunté la somme en janvier 2008, au taux de 19%, auprès de Mill Financial, une division d'un prêteur de la Virginie, Springfield Financial Co. M. Gillett s'était par la suite montré ouvert à une participation d'investisseurs dans le capital de l'équipe et du Groupe Gillett.