Les nouveaux compteurs «intelligents» qu'Hydro-Québec veut installer chez tous ses clients émettent des ondes radio 1500 fois par jour, selon ce que la société d'État a indiqué hier à La Presse.

C'est bien plus souvent que ce qu'elle a laissé entendre jusqu'ici, soit six fois par jour.

Ces compteurs sont déjà déployés à titre expérimental dans trois secteurs au Québec, dont le quartier Villeray, à Montréal, où un groupe de citoyens s'oppose à leur installation (voir autre texte).

L'impact sur la santé de l'exposition aux ondes radio est un sujet de plus en plus controversé. Un comité des Communes a proposé, en décembre 2010, de pousser plus loin les recherches à ce sujet. Santé Canada a souligné à cette occasion «la nécessité de mener des études de longue durée», mais a rejeté «une approche de prudence... compte tenu de l'important volume de données scientifiques» à l'appui des normes actuelles.

La Régie de l'énergie étudie le projet d'Hydro-Québec d'installer 3,8 millions de compteurs pour près d'un milliard de dollars d'ici à 2017. Selon Hydro-Québec, ces nouveaux compteurs permettront de réduire ses coûts de 300 millions sur 20 ans.

Ces compteurs sont dotés d'un émetteur semblable à un routeur de réseau d'ordinateurs. Ils sont programmés pour transmettre six fois par jour des données de consommation d'électricité, mais ils sont loin d'être inactifs le reste du temps.

«Entre ces lectures, il y a des activités de synchronisation intermittentes des compteurs dont les émissions de radiofréquences sont très minimes», affirme Danielle Chabot, conseillère affaires publiques et médias d'Hydro-Québec.

Chacune de ces activités dure 6 centièmes de seconde et elles totalisent 90 secondes par période de 24 heures. C'est donc dire qu'il y en a environ 1500 par jour.

Haute fréquence

Cela confirme les observations de Stéphane Bélainsky, expert retenu par l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).

M. Bélainsky a fait des mesures sur sept compteurs nouvellement installés. «Tous les compteurs évalués [...] pulsent des émissions de champs électriques haute fréquence entre 1440 et 2880 fois par jour», affirme-t-il dans un rapport déposé à la Régie.

Selon Hydro-Québec, ces multiples transmissions «permettent à un compteur d'afficher sa disponibilité et de fournir sa référence de temps à ses compteurs voisins».

Les opposants croient que les normes canadiennes en la matière sont dépassées, car elles sont basées sur les effets thermiques des ondes. Mais pas sur leurs effets biologiques, beaucoup moins bien connus. «Le seuil des effets biologiques est très, très bas, affirme M. Bélainsky. Ce n'est pas nécessairement une question de force de signal.»