Herbicide le plus vendu au monde, le glyphosate modifie les microorganismes du sol pour les rendre néfastes pour les cultures, selon Don M. Huber, professeur retraité de l'Université Purdue, aux États-Unis. C'est ainsi que les champs deviennent plus sujets aux maladies, selon sa nouvelle thèse controversée.

L'exposition des humains au glyphosate «a été liée à des effets sur leurs systèmes reproductif, neurologique et sur le développement de cancer», affirme Greenpeace dans un rapport publié jeudi. Ce désherbant utilisé avec les semences génétiquement modifiées perturbe aussi la biodiversité, particulièrement les espèces aquatiques. «Il faut d'urgence réexaminer la sûreté des herbicides à base de glyphosate», demande Greenpeace.

Monsanto, qui commercialise le glyphosate sous le nom de Roundup, réfute ces accusations. «La recherche scientifique et l'historique de ces produits disent le contraire», a fait valoir Trish Jordan, porte-parole de Monsanto Canada. «L'énorme taux d'adoption des cultures Roundup Ready par les fermiers du Canada» prouve que le produit ne change pas la composition du sol, a-t-elle ajouté.

Le ministère de l'Agriculture (MAPAQ) ne commente pas les possibles impacts du glyphosate dans les sols. «Actuellement, il est très difficile d'avoir une position juste et précise sur le sujet, étant donné le manque de connaissance de la communauté scientifique», a indiqué Danielle Bernier, de la direction de la phytoprotection du MAPAQ. Même prudence à l'Institut national de santé publique du Québec. «On est au fait des données récentes, on suit le dossier de près, mais présentement il n'y a pas lieu d'agir», a dit Stéphanie Ménard, porte-parole de l'INSPQ.

Santé Canada réévalue le glyphosate

Santé Canada réévalue le glyphosate en collaboration avec l'agence de protection environnementale américaine, a confirmé Leslie Meerburg, porte-parole du ministère fédéral. Tous les pesticides font l'objet d'un réexamen aux 15 ans, «pour déterminer s'ils continuent de respecter les récentes normes en matière de santé et d'environnement», a-t-elle expliqué. Leurs conclusions sont attendues en 2014.

Une chose semble sûre: le Roundup n'est pas un produit idéal. «C'est vrai que le glyphosate est moins nocif que l'atrazine (un autre herbicide), mais ce n'est pas un herbicide doux», a tranché René Mongeau, président de l'Ordre des agronomes du Québec.

La preuve: du glyphosate a été détecté dans 65% des échantillons de la rivière Yamaska analysés par Environnement Canada, de 2003 à 2008. «Il ne se dégrade pas aussi rapidement qu'on voudrait le laisser croire», a dit M. Mongeau.

Cela n'inquiète pas Sylvain Joyal, producteur de soya Roundup Ready. «Je me fie aux spécialistes, puisque c'est leur job, a-t-il expliqué. On se fie aux chercheurs, aux docteurs, et les gens vivent plus vieux que jamais. Donc ça a du bon.»