Les États-Unis ont été contraints mardi de revoir le dispositif de communication interministérielle mis en place depuis le 11-Septembre après les révélations du site WikiLeaks, dont le fondateur, Julian Assange, est désormais visé par un mandat d'arrêt international.

Interpol a indiqué mardi avoir émis une «notice rouge» visant M. Assange, à l'encontre duquel la Suède a émis un mandat d'arrêt dans le cadre d'une enquête pour «viol et agression sexuelle».

Ces notices rouges sont diffusées par Interpol à ses 188 pays membres pour demander l'arrestation et l'extradition de suspects. Dans le même temps, Julian Assange a saisi mardi la Cour Suprême de Suède pour contester le mandat d'arrêt lancé à son encontre par la justice suédoise dans cette affaire de viol.

«Il y a une 'notice rouge' publique de la part de la Suède», a annoncé à l'AFP une porte-parole d'Interpol, confirmant la publication sur le site Internet d'Interpol de l'avis de recherche concernant M. Assange.

L'insaisissable M. Assange, un Australien de 39 ans, s'est exprimé mardi dans le magazine Time auquel il s'est adressé via le service de téléphonie sur Internet Skype depuis un lieu non précisé. Il a affirmé que la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton «devrait démissionner, s'il peut être démontré qu'elle était derrière l'ordre donné aux responsables de la diplomatie américaine d'espionner au sein des Nations unies».

Commentant mardi les agissement du crack de l'informatique, le porte-parole du département d'État Philip Crowley a déclaré: «Je pense qu'il a été présenté comme un anarchiste. Ses actes semblent aller dans ce sens».

WikiLeaks dit avoir obtenu 250 000 télégrammes diplomatiques américains, qui ont commencé à être diffusés dimanche.

Un haut responsable du Pentagone, qui a requis l'anonymat, a indiqué que l'administration américaine allait revoir le système de partage d'informations qui relie les différents ministères entre eux et aurait permis à ce simple soldat de mettre la main sur cette montagne d'informations.

Le département d'État a indiqué de son côté avoir temporairement suspendu l'accès du Pentagone à une partie de sa correspondance.

Mais le ministre américain de la Défense, Robert Gates, a minimisé l'impact de ces fuites pour la politique étrangère américaine. «Est-ce que c'est embarrassant? oui. Est-ce que c'est délicat? oui, mais les conséquences pour la politique étrangère sont assez modestes», a-t-il déclaré.

Parallèlement, les révélations de WikiLeaks continuaient mardi d'agiter les chancelleries du monde entier à mesure qu'elles étaient publiées.

Le site affirmait ainsi mardi avoir obtenu 3456 notes de l'Institut américain de Taïwan, qui joue le rôle d'ambassade dans l'île, mais ses intentions quant à leur éventuelle publication n'étaient pas claires.

Or, le rôle des États-Unis à Taïwan est une question sensible pour la Chine, qui ne reconnaît pas l'île nationaliste.

Les notes obtenues par WikiLeaks révèlent également que les pays arabes ont suggéré aux Américains d'être sans scrupules vis-à-vis des prisonniers de Guantanamo, ou que le président égyptien Hosni Moubarak était favorable à l'installation d'un dictateur en Irak.

Le président français Nicolas Sarkozy y est décrit par les Américains en 2009, juste après l'élection de Barack Obama, comme «le président français le plus pro-américain depuis la Seconde Guerre mondiale».

Ces fuites ont été qualifiées de «criminelles» par le gouvernement américain. La diffusion de ces documents est «illégale, irresponsable et dangereuse», a renchéri l'OTAN.

Ni WikiLeaks, ni les autorités américaines n'ont expliqué comment ces notes avaient pu se retrouver en possession du site, mais les soupçons convergent vers un ancien soldat en rupture de ban de l'armée américaine, Bradley Manning, 23 ans, spécialiste du renseignement.

WikiLeaks, de son côté, a annoncé mardi sur son fil Twitter qu'il était victime d'une nouvelle attaque informatique par déni de service (DDOS), plus forte que celle qu'il a déjà subie dimanche, ce qui ne l'avait pas empêché alors de transmettre les notes aux journaux El Pais, Le Monde, Der Spiegel, The Guardian et au New York Times.

Par ailleurs, des dissidents de WikiLeaks, en désaccord avec son fondateur, ont annoncé mardi vouloir lancer leur propre site.