Dilma Rousseff, la candidate du président Luiz Inacio Lula da Silva, a remporté le premier tour de l'élection présidentielle au Brésil mais fait face à un ballottage surprise contre le social-démocrate José Serra.

«Nous pouvons confirmer qu'il y aura un second tour», a annoncé le président du Tribunal électoral supérieur (TSE), Ricardo Lewandowski.

Selon les résultats quasi définitifs communiqués par le TSE, Dilma Roussef a obtenu 46,5% des suffrages exprimés et son principal opposant José Serra 32,7%.

La candidate écologiste Marina Silva a créé la surprise en recueillant 19,5% des voix, soit près de six points de plus que prédit par les sondages.

Les sondages ont jusqu'à maintenant été unanimes à prédire une victoire de la dauphine de Lula face à Serra, un ancien gouverneur de Sao Paulo, au second tour le 31 octobre.

Le président élu succédera le 1er janvier à Lula pour prendre les rênes d'un pays de 193 millions d'habitants, devenu la huitième économie du monde.

Le seul sondage de sortie des urnes, réalisé par l'institut Ibope et diffusé par la chaîne GloboNews, avait donné Dilma Rousseff gagnante au premier tour, avec 51% des voix.

Mais la perspective d'un second tour s'est précisée au cours de la soirée, au fur et à mesure de la publication des résultats officiels partiels qui montraient que Dilma Rousseff n'atteindrait pas les 50% nécessaires pour l'emporter dès dimanche.

L'écologiste et défenseur des indiens, Marina Silva, 52 ans, a troublé le jeu en empêchant une élection de Dilma Rousseff, 62 ans, dès le premier tour.

«Je pense qu'il s'agit d'un vote de protestation d'une partie de l'électorat qui n'était convaincue ni par Dilma (Rousseff) ni par (José) Serra et a finalement voté pour Marina», a expliqué à l'AFP le politologue Carlos Alberto de Melo.

Pour l'analyste André Pereira César, du consultant CAC, «le phénomène, le vrai fait nouveau dans ces élections est la croissance de Marina. De personnage secondaire, elle a fini par forcer un second tour», a-t-il dit à l'AFP.

Serra, 68 ans, qui avait dégringolé dans les sondages au cours de la campagne, a axé tous ses efforts pour arracher un second tour face à la candidate du Parti des Travailleurs de Lula (PT - gauche).

Physique austère et calvitie prononcée, il est pour la seconde fois le candidat social-démocrate à la présidence, mais les Brésiliens le connaissent surtout pour son action comme ministre de la Santé en faveur des médicaments génériques, notamment contre le sida.

Lula, à qui la Constitution interdisait de briguer un troisième mandat consécutif de quatre ans, a tout fait pour transmettre sa popularité record à Dilma, une technocrate quasi-inconnue il y a quelques mois et qui se présentait pour la première fois à une élection.

Dilma, ancienne chef de gouvernement de Lula, a fait campagne sur le thème de la «continuité» avec une politique qui a permis à des millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté et au pays de connaître un boom économique sans précédent.

Quelque 136 millions de Brésiliens étaient appelés aux urnes pour élire non seulement le président mais aussi les gouverneurs et députés des 27 Etats fédérés, renouveler l'Assemblée nationale et les deux-tiers du Sénat.