Les larmes ne cessent de couler sur les joues de Yolanda Rojas. Elle est en train de voir sur petit écran son cousin Pablo sortir des entrailles de la Terre, après avoir vu sortir son frère Esteban et un autre cousin, Victor Segovia.

«Pour chacun d'entre eux, j'ai pleuré, dit-elle en riant. Je n'ai pas réussi à me retenir!» Pour cette famille extrêmement unie, c'est le soulagement, la fin du calvaire. «On va fêter ça comme jamais, on ne va pas arrêter les asados (barbecue à la chilienne).»

Cette immense allégresse a envahi le campement tout entier lorsque, à 0h08, est sorti de la nacelle Florencio Avalos, après 69 jours passés dans les profondeurs de la terre de la mine San José. Toutes les familles ont alors crié d'une seule voix «le C.H.I.» - le cri national qui a fait le tour du monde dans les derniers jours.

Lorsque le «cameraman de la mine» est sorti, en parfaite condition, heureux comme peut-être jamais il ne l'avait été, tous ont compris que leurs proches seraient bientôt là, dans leurs bras, et qu'ils allaient enfin pouvoir leur dire tout ce qu'ils leur avaient écrit jusqu'ici dans les centaines de lettres qu'ils leur avaient fait parvenir par le conduit qui faisait le lien entre le tunnel et la surface.

«Mon autre neveu, le frère de Florencio, Renan, est encore là-dessous, mais je sais maintenant qu'il sortira sans problème», a dit Wilson Avalos, presque surpris de la rapidité et de l'efficacité des opérations. «On nous avait tellement préparés au pire... C'est impressionnant de voir que tout se passe aussi bien!»

Deux tours Eiffel

À mesure que se succèdent les remontées, les familles se rendent à Copiapo pour rejoindre leur proche à l'hôpital. «Moi, je reste là jusqu'à ce que le dernier secouriste remonte, a insisté M. Avalos. Il a aidé à réunir ma famille, je veux m'assurer qu'il sorte aussi bien que mon neveu.»

L'homme, d'un calme à toute épreuve, s'est pourtant effondré quand il a vu son premier neveu sortir de la nacelle qui venait de parcourir les 622 m de distance, soit près de deux fois la tour Eiffel, en seulement 16 minutes.

Avant cette remontée victorieuse, réalisée à la minute près, beaucoup de familles cachaient mal leur nervosité. «Cette mine nous en a tellement fait voir que j'ai peur qu'il arrive quelque chose», disait encore dimanche Silvia Segovia, soeur de Victor, dit «l'écrivain de la mine» depuis qu'il tient un journal, qu'il a emporté avec lui dans la nacelle au lieu de le faire remonter par le pigeon voyageur comme ses effets personnels.

Premier visage, premier sorti

Si Florencio Avalos est sorti le premier, ce n'est pas un hasard, mais plutôt un symbole. Il a été le premier visage des 33 mineurs. Un visage dont on ne voyait que les yeux et le nez et qui a fait le tour du monde après que les autorités eurent fait glisser une caméra pour la première fois au fond de la mine.

Coïncidence? Plutôt un des rouages bien huilés des communications du président Sebastian Piñera. Ce dernier a d'ailleurs claironné hier que la mission de sauvetage «n'a pas de comparaison dans l'histoire de l'humanité».