Le Conseil national syrien (CNS), regroupant la majorité des courants de l'opposition, a annoncé mardi avoir lancé une campagne auprès des pays arabes pour réclamer des mesures sévères contre le régime de Damas après huit mois de violences ayant fait plus de 3500 morts, selon l'ONU.

Dix-sept personnes -huit soldats et neuf civils dont une fillette- ont été tuées mardi, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Deux civils, dont une fillette, ont été tués à Homs (centre), haut lieu de la contestation encerclé depuis six jours, où l'armée syrienne menait des perquisitions. «Les soldats entrent dans les maisons pour arrêter des personnes recherchées» par les services de sécurité, selon l'OSDH.

Lundi, le CNS avait accusé les forces gouvernementales de commettre des «massacres barbares» à Homs, et réclamé «une protection internationale» des civils précisant que l'armée a eu recours à «l'artillerie lourde, aux roquettes et à l'aviation».

Quatre civils ont également péri mardi sous les balles des forces de sécurité dans la région d'Idleb (nord-ouest), près de la frontière turque, selon la même source.

A Hama, au nord de Homs, trois civils ont été tués par des tirs des forces de sécurité, a ajouté l'OSDH.

A Deir Ezzor (est), cinq personnes ont été blessées dans la soirée par des tirs des forces de sécurité sur une manifestation massive à la sortie d'une mosquée dans le quartier de Hamidiya, selon la même source. Sept manifestants ont été arrêtés par les forces de sécurité qui ont également procédé à des arrestations dans le quartier.

Dans la région d'Idleb, au sud de la ville de Maaret al-Noomane, huit militaires et agents de sécurité ont par ailleurs été tués dans une embuscade tendue par des déserteurs présumés alors que les attaques menées par des déserteurs contre l'armée se sont multipliées ces dernières semaines.

Face à la répression quotidienne de la contestation qui dure depuis la mi-mars, l'opposition a appelé les pays arabes à la soutenir fermement tandis que l'Union européenne prépare un gel des crédits de la Banque européenne d'investissement (BEI) à la Syrie.

Ces nouvelles sanctions consistent à suspendre tout nouveau crédit de la BEI, ainsi qu'à geler le versement de toute nouvelle tranche des crédits en cours et à cesser toute assistance technique (financement d'études de faisabilité, audits...), a indiqué un diplomate à l'AFP.

L'Europe a déjà adopté sept séries de sanctions contre Damas.

De son côté, le CNS a annoncé avoir «entamé une action politique tous azimuts pour exhorter les Etats membres de la Ligue arabe à adopter une position ferme et efficace contre le régime syrien, à la mesure des dangereux développements en Syrie».

Il réclame également que le régime soit poursuivi par la Cour pénale internationale pour violations des droits de l'Homme et «génocide» et appelle à soutenir les efforts de l'ONU en vue d'assurer une protection à la population civile en Syrie, à Homs en particulier.

«La répression brutale sur les manifestants en Syrie a coûté la vie jusqu'ici à plus de 3.500 personnes», a indiqué pour sa part Ravina Shamdasani, une porte-parole du Haut-commissariat de l'ONU, lors d'un point de presse.

«Plus de 60 personnes ont été tuées par les militaires et les forces de sécurité, dont 19 dimanche, jour de la grande fête musulmane de l'al-Adha», depuis l'acceptation par le régime de Damas le 2 novembre d'un plan arabe censé mettre fin aux violences, a-t-elle précisé.

«Alors que le gouvernement syrien a annoncé la libération de 553 prisonniers samedi à l'occasion de la fête musulmane, des dizaines de milliers d'entre eux demeurent en détention et des dizaines de personnes sont arrêtées tous les jours», a encore affirmé l'ONU.

Mais, malgré la répression, d'importantes manifestations quotidiennes appelant à la chute du régime ont lieu à travers la Syrie, particulièrement à Idleb, Homs, Hama, Deraa (sud) et Damas, a indiqué l'OSDH.

Une vidéo diffusée sur You Tube a montré une manifestation dans le quartier d'Oussali à Damas appelant à une protection internationale des civils. «Le CNS nous représente, nous réclamons une zone d'exclusion aérienne, une protection des civils, une zone tampon», pouvait-on lire sur une pancarte brandie par un manifestant.