Au cours des deux premières années de Barack Obama à la Maison-Blanche, les démocrates ont reproché à leurs adversaires au Congrès de faire de l'obstruction systématique. À tel point qu'ils ont surnommé le Parti républicain le «Parti du non».

En votant à l'unisson contre les principales initiatives de l'administration démocrate, notamment la relance économique, adoptée en février 2009, et la réforme du système de santé, promulguée un an plus tard, les républicains de la Chambre des représentants ont certainement mérité cette appellation.

Le «Parti du non» peut-il devenir celui du «oui» en passant de la minorité à la majorité dans l'une ou l'autre des chambres du Congrès? Peut-être. Mais les élections d'aujourd'hui pourraient aussi mener au redoublement des tensions partisanes à Washington - et même à la paralysie du gouvernement fédéral.

À la veille des élections de mi-mandat, les chefs de file républicains au Congrès n'ont donné aucun signe qu'ils sont plus intéressés qu'avant à collaborer. Le président Obama devra donc sans doute oublier, dans les deux prochaines années, ses réformes inachevées sur le climat et l'immigration, entre autres.

«Ce que nous voulons avant tout, c'est limiter le président Obama à un seul mandat», a déclaré la semaine dernière Mitch McConnell, chef de la minorité républicaine au Sénat, au National Journal.

À peine moins négatif, John Boehner, qui a d'excellentes chances de devenir le prochain président de la Chambre des représentants, a affirmé en entrevue que «l'heure n'est pas aux compromis».

Même refus qu'il y a 16 ans

Il y a 16 ans, les républicains avaient opposé le même refus de collaborer à Bill Clinton après avoir obtenu la majorité au Congrès. À la Chambre des représentants, les «révolutionnaires» de Newt Gingrich avaient notamment orchestré un bras de fer sur la question du budget qui avait mené à la paralysie de l'administration fédérale en 1995.

Bill Clinton avait fini par gagner et avait par la suite forcé les républicains de Gingrich à tempérer leurs ardeurs. La Maison-Blanche et le Congrès étaient parvenus à conclure des accords importants en 1996 sur le budget et la réforme de l'aide sociale.

En 2010, les républicains du Congrès sont déterminés à attaquer le président Obama de front sur sa réforme du système de santé, dont ils ont promis l'abrogation. Faute d'adopter une loi pour démanteler cette réforme, ils pourraient refuser de financer la mise en oeuvre de plusieurs de ses aspects.

Le relèvement du plafond de la dette publique américaine est une autre question sur laquelle les républicains et la Maison-Blanche sont susceptibles de s'affronter. Selon les prévisions du Trésor, le gouvernement devrait atteindre en février la limite de ses capacités d'emprunt, actuellement fixée à 12 394 milliards de dollars. Plusieurs républicains ont déjà laissé entendre qu'ils réclameraient des mesures pour réduire les dépenses du gouvernement plutôt que d'approuver un relèvement du plafond de la dette.

C'est autour de cette question qu'avaient eu lieu les premiers affrontements entre les républicains de Newt Gingrich et Bill Clinton en 1995.

Dans un tel contexte, Barack Obama pourrait être tenté de suivre l'exemple de Bill Clinton et de dépeindre ses adversaires comme des extrémistes dans l'espoir que l'opinion publique se retourne contre eux d'ici à la prochaine élection présidentielle.

En attendant, le président Obama a mis au défi les républicains de s'attaquer au déficit avec lui. Il a cependant réitéré son refus d'emprunter «encore 700 milliards de dollars pour des réductions d'impôts inutiles», une allusion aux allègements fiscaux consentis par son prédécesseur aux Américains les plus fortunés, et qui arrivent à échéance le 31 décembre.