Passé le faste de la reprise solennelle des négociations à Washington, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas se retrouvent mardi pour des discussions qui devraient permettre de sonder le sérieux de leurs intentions.

Mais cette nouvelle session de négociations, à Charm el-Cheikh (Égypte), en présence de la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, risque d'être minée par le contentieux sur le gel de la colonisation.

«Les Palestiniens veulent qu'on ne construise absolument rien en Judée-Samarie (Cisjordanie) après le 26 septembre, et cela ne se produira pas», a affirmé dimanche soir M. Netanyahu au représentant du Quartette Tony Blair, selon un communiqué de son bureau.

«Israël ne poursuivra pas le gel, mais ne construira pas non plus les dizaines de milliers de logements planifiés. Nous ne gèlerons pas la vie des habitants de Judée-Samarie et ne gèlerons pas la construction», a-t-il ajouté.

De même source, M. Netanyahu a aussi indiqué que la reconnaissance par les Palestiniens d'Israël en tant qu'État-nation des juifs ne constituait pas à ses yeux une condition préalable aux négociations de paix.

«Il n'est pas logique que les Palestiniens fixent des conditions préalables et menacent de quitter les négociations. Ce n'est pas une façon de progresser vers la paix», a-t-il encore dit.

Par ailleurs, les deux parties ne sont même pas parvenues à s'entendre sur un ordre du jour, selon les médias israéliens citant des sources gouvernementales.

Les Palestiniens ont d'ores et déjà prévenu que la fin du moratoire de dix mois des constructions dans les colonies, qui expire le 26 septembre, signifierait la fin du dialogue direct.

Le président américain Barack Obama a reconnu vendredi que le chemin à parcourir vers un règlement de paix serait semé d'embûches.

Afin d'en déjouer une première, il a révélé avoir dit à M. «Netanyahu que tant que les pourparlers allaient dans la bonne direction, cela avait du sens de prolonger le moratoire» de la colonisation juive en Cisjordanie.

Le gouvernement israélien est divisé sur la poursuite du moratoire: l'aile la plus à droite, composée des représentants des partis religieux, du parti Israël Beiteinou du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, et de plusieurs ministres du parti Likoud de Netanyahu, s'oppose à tout gel.

«Nous ne resterons pas dans un gouvernement» prolongeant le gel et «notre départ pourrait entraîner l'effondrement de toute la coalition», a prévenu le député Zvouloun Orlev, du petit parti nationaliste religieux Baït Yehudi.

À l'inverse, le Parti travailliste (13 sièges seulement) est en faveur de la prolongation du moratoire. «Il est hors de question de saboter les négociations par une relance des constructions», a plaidé le député Daniel Ben Simon.

Des responsables israéliens ont laissé entendre que certaines restrictions à la construction pourraient être maintenues de facto du moment qu'elles ne concernent que les colonies isolées et pas des blocs de colonies.

Les Palestiniens considèrent que l'installation depuis 1967 d'un demi-million d'Israéliens en Cisjordanie occupée dont 200 000 à Jérusalem-Est annexé empêche la constitution d'un État palestinien viable et disposant d'une continuité territoriale.

Le désaccord porte également sur l'ordre du jour. Selon des sources gouvernementales israéliennes, M. Netanyahu veut aborder d'emblée la question de la reconnaissance d'Israël comme «l'État du peuple juif» par les Palestiniens, qui s'y opposent.

Il est revenu sur ce thème dimanche lors de l'ouverture du Conseil des ministres. «J'entends les Palestiniens parler de deux États, mais à mon regret pas de deux États pour deux peuples», a-t-il dit aux journalistes.

Les deux parties doivent parvenir en un an à un accord-cadre définissant le contenu d'un règlement final du conflit israélo-palestinien.