Le Premier japonais Naoto Kan s'est rendu samedi pour la première fois dans une des villes dévastées par le tsunami meurtrier du 11 mars, tandis qu'à Fukushima, on annonçait que de l'eau hautement radioactive s'échappait de la centrale nucléaire endommagée, gagnant les eaux du Pacifique.

M. Kan s'était rendu à Fukushima Dai-ichi peu après le séisme et le tsunami, qui ont fait 11 828 morts et 15 540 disparus selon le dernier bilan en date de la police. Mais il effectuait samedi sa première visite dans les zones côtières dévastées par la vague géante, où des dizaines de villes et villages ont été pulvérisées. Vêtu de la combinaison bleue des situations d'urgence devenue quasiment l'uniforme des officiels du gouvernement depuis le drame, il a visité Rikuzentakata, où la mairie est un des rares bâtiments encore debout au milieu des ruines.

Le chef du gouvernement s'est incliné à la mémoire des victimes, aux côtés du maire, dont l'épouse elle-même est portée disparue depuis le tsunami, avant de rencontrer des rescapés, installés dans une école, leur jurant que le gouvernement les aiderait le temps qu'il faudrait.

Mais Megumi Shimanuki, installée dans un abri provisoire avec sa famille à 160km de là, à Natori, a déploré la brièveté de la visite de Naoto Kan. Le Premier ministre avait en effet regagné Tokyo dès samedi après-midi. «Le gouvernement est trop concentré sur la centrale de Fukushima et pas assez sur les victimes du tsunami», déplore-t-elle. «Il faut s'occuper des deux».

Reste que samedi, l'inquiétude au complexe de Fukushima venait de la découverte d'une nouvelle fissure, selon Hidehiko Nishiyama, porte-parole de l'Agence de sécurité nucléaire et industrielle japonaise. Selon TEPCO, l'opérateur de la centrale, la radioactivité de l'air mesurée au-dessus de l'eau dans ce bassin de maintenance était de 1000 millisieverts par heure. Plus de 50cm plus loin, elle était de 400 mSv. On ne savait pas en revanche le degré de contamination de l'eau, ni la quantité qui a pu être rejetée en mer.

On ne sait en effet pas de quand date la fissure, qui pourrait avoir été provoquée par le séisme et laisser couler de l'eau radioactive depuis lors, a précisé un porte-parole de TEPCO, Osamu Yokokura. Un autre porte-parole, Takashi Kurita, a indiqué que l'opérateur allait tenter de verser du béton dans cette fissure mesurant 20cm de long. Cette fissure «pourrait bien être l'une des sources de la contamination de l'eau de mer», selon M. Nishiyama.

«Il pourrait y en avoir d'autres et nous devons les trouver le plus vite possible». Des échantillons d'eau de mer vont être analysés jusqu'à 15km au large de la centrale, a-t-il ajouté, estimant qu'il pourrait s'agir là d'une des sources de la contamination en mer.

Selon de nouvelles mesures samedi, la radioactivité en mer s'étendait à 40km au sud de la centrale. Les taux du radioélément iode 131 supérieurs étaient deux fois supérieurs à la limite légale, sans présenter de danger pour la santé, a assuré le gouvernement japonais.