Souffrir pour être belle, d'accord, mais souffrir pour travailler? Les femmes ne devraient plus être forcées à porter des talons hauts au travail, disent les syndicats britanniques.

Les syndicalistes britanniques ont un nouvel ennemi: les chaussures à talons hauts. Ils ont signifié aux patrons du pays cette semaine que les femmes pouvaient refuser de les porter au travail. Cette position a aussitôt provoqué une levée de boucliers... chez des adeptes des talons hauts.

 

Plusieurs dossiers chauds ont été abordés à la conférence annuelle de la centrale syndicale TUC (Trades Union Congress), qui s'est terminée hier à Liverpool. Toutefois, la motion demandant aux employeurs de réévaluer leur code vestimentaire a fait couler plus d'encre que la perte de 10 000 emplois mardi dernier.

«Le congrès demande aux employeurs qui exigent le port des talons hauts de s'assurer qu'ils ne nuisent pas à la santé de leur personnel. Si c'est le cas, les chaussures confortables devraient être permises», disait l'énoncé.

Plus de 90% de l'assemblée a approuvé cette mesure introduite par le syndicat des podiatres.

Elle avait pourtant été ridiculisée par la députée conservatrice Nadine Dorries. «Mon emploi est dominé par les hommes et mes collègues ont des instincts meurtriers, avait-elle écrit dans son blogue au mois d'août. Je dois leur tenir tête et je mesure 1m60. Je n'ai pas le choix de porter mes Christian Louboutin.»

Des chroniqueuses de droite ont marché dans son sillon, avertissant les syndicats de ne pas toucher à leurs Manolo Blahnik.

Même une syndicaliste universitaire a accusé le TUC de paternalisme et de sexisme. «Pourquoi visons-nous seulement les femmes?» a demandé Loraine Monk, juste avant le vote.

Discrimination?

Ce sont plutôt certains milieux de travail qui sont discriminatoires, répliquent les défenseurs de la motion. «Nous ne disons pas aux femmes quoi porter, affirme à La Presse Mary Turner, présidente du syndicat GMB. Nous disons simplement que les femmes devraient avoir le choix de se chausser confortablement. Nous sommes leur allié.»

Le secteur du commerce de détail est montré du doigt. Les magasins Harrods et Selfridges, deux temples de la mode à Londres, ont des règles très strictes sur le type de chaussures de leurs vendeuses, soutient une podiatre qui désire conserver l'anonymat.

Résultat, plusieurs de ses patientes souffrent le martyre: oignons, nerf coincé et inflammation de l'avant-pied.

«Une de mes clientes s'est fait avertir que ses talons n'étaient pas assez hauts, dit de son côté Emma Supple, une sommité en podiatrie. Elle risque de perdre son emploi.»

Les opérations aux pieds coûtent 29 millions de livres sterling (50 millions$CAN) par année au système de santé, rappelle l'experte.