Des dizaines de milliers de personnes ont participé dimanche aux commémorations du massacre commis en 1995 à Srebrenica, durant laquelle le président américain Barack Obama a appelé dans un message à l'arrestation de Ratko Mladic.

Cette tragédie survenue en juillet 1995, au cours de laquelle périrent quelque 8000 Musulmans bosniaques et qui fut le massacre le plus sanglant commis en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, est qualifiée de «génocide» par la justice internationale.

Les cérémonies, civile et religieuse, ont débuté en fin de matinée. Les cercueils des restes de 775 victimes recouverts d'un tissu vert, la couleur de l'islam, ont été portés en terre dans l'après-midi au centre mémorial de Potocari, près de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie.

A ce jour, près de 6500 des quelque 8000 victimes ont été identifiées par des tests ADN.

Dans un message lu devant la foule, M. Obama a qualifié le massacre de «tache sur notre conscience collective» et a appelé à l'arrestation de l'ex-général Ratko Mladic, chef militaire des Serbes de Bosnie au moment du massacre.

«Il ne peut y avoir de paix durable sans justice», sans «la poursuite et la condamnation de ceux qui ont perpétré le génocide», a affirmé le président américain. Cela «inclut Ratko Mladic qui a présidé aux tueries et reste libre», a-t-il déclaré.

Ratko Mladic a été inculpé de génocide par la justice internationale, en particulier pour le massacre de Srebrenica, mais il reste introuvable. Il pourrait se cacher en Serbie, et Belgrade assure tout faire pour le retrouver.

Dans un message également lu, le premier ministre britannique David Cameron a assuré que les responsables du massacre seraient «poursuivis sans relâche jusqu'à ce qu'ils comparaissent devant la justice».

«Que la justice arrête surtout le général Mladic», a lancé devant la foule le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.

Le président serbe, Boris Tadic, était présent à la cérémonie. «En tant que président de Serbie, je n'abandonnerai pas la recherche des coupables, et par cela, je désigne avant tout Ratko Mladic», a-t-il déclaré devant quelques journalistes, cité par l'agence de presse serbe Tanjug.

Ce n'est que lorsque tous les responsables auront été déférés devant la justice «que nous serons capables de nous tendre la main et de continuer à vivre comme des gens normaux, comme c'était le cas autrefois», a ajouté le président serbe.

Dans la foule se trouvaient de nombreux proches des disparus, toujours hantés par ces journées durant lesquelles les forces serbes bosniaques se sont emparées de l'enclave musulmane de Srebrenica, pourtant sous protection de l'ONU.

Hatidza Mehmedovic enterrait dimanche son mari Abdulah et ses deux fils Almir et Azmir, âgés de 17 et 20 ans à l'époque.

«Je ne pouvais pas croire que quelqu'un ait été capable de commettre un tel crime», déclare cette femme, qui se rappelle avoir attendu pendant des jours l'arrivée des siens. En vain.

Ramiza Gurdic, une mère de Srebrenica âgée de 63 ans, a perdu aussi ses deux fils et son mari. «Comment oublier, comment pardonner ? J'y pense tous les jours. Je pense à eux quand je vois un garçon qui leur ressemble, quand je vois dans un magasin une mère qui achète des vêtements pour ses enfants».

Dans un geste de défiance, Radovan Karadzic, le chef politique des Serbes bosniaques pendant la guerre de 1992-1995, détenu et jugé pour génocide par la justice internationale, a été décoré samedi par son parti, à la veille de la commémoration.