Le premier ministre et homme fort de la Russie Vladimir Poutine a affirmé jeudi qu'il quitterait le pouvoir dès qu'il «sentirait» qu'il n'a plus le soutien du peuple, tout en soulignant qu'il ne prendrait en compte ni les manifestations ni l'internet, mais les urnes.

«Je peux dire avec certitude que quand je ne sentirai plus ce soutien, je ne resterai pas un jour de plus» au pouvoir, a déclaré M. Poutine au cours d'une séance télévisée de questions-réponses.

«Dans une société démocratique, ce n'est ni sur les sites internet ni dans la rue que l'on détermine si ce soutien existe ou pas, mais seulement via le résultat des élections», a-t-il également dit.

Vladimir Poutine, président de 2000 à 2008, puis chef du gouvernement faute de pouvoir enchaîner plus de deux mandats présidentiels consécutifs, a annoncé en septembre son intention de revenir au Kremlin à la présidentielle de mars. Il pourra théoriquement rester au pouvoir pour deux nouveaux mandats, de six ans cette fois, soit jusqu'en 2024.

La victoire en demi-teinte aux législatives du 4 décembre du parti au pouvoir, Russie unie, qui a obtenu 238 sièges sur 450 à la Douma (chambre basse du parlement), soit beaucoup moins que les 315 mandats dont il disposait jusqu'à présent, a aussi illustré selon les analystes l'érosion de la popularité de M. Poutine.

Un des slogans des manifestations sans précédent d'opposants qui se sont déroulées dans le pays le 10 décembre était «La Russie sans Poutine». L'internet russe, dont les réseaux sociaux ont largement contribué à la mobilisation, regorge par ailleurs de critiques visant le premier ministre.

Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, l'ex-agent du KGB avait été sifflé et hué fin novembre dans une arène sportive lorsqu'il était monté sur le ring pour féliciter le vainqueur d'un combat d'arts martiaux.

«Je n'ai entendu aucun sifflet», a-t-il affirmé à ce sujet jeudi.

«Quand j'ai commencé à parler, il y a effectivement eu du bruit dans un secteur (du stade). Je ne sais pas du tout ce qui a pu provoquer ce bruit», a-t-il dit.

Indiquant «admettre» que son apparition ait pu provoquer le mécontentement des spectateurs, il a ensuite émis l'hypothèse, déjà avancée par son porte-parole, selon laquelle les spectateurs avaient en fait manifesté leur mécontentement à l'égard du combat ou d'un des participants.

Des vidéos de cet incident inédit avaient fait le tour de l'internet russe.