Le directeur d'Al Haq, en Cisjordanie, déplore la fermeture de Droits et Démocratie, mais il n'est pas surpris. «C'est clair que la raison est politique», dit-il, en soulignant le travail «bon et actif» de l'organisme.

Al Haq s'est retrouvé au coeur de la controverse qui a sonné le début des problèmes à Droits et Démocratie. En 2009, le directeur de Droits et Démocratie, Rémi Beauregard, a été réprimandé après avoir versé des subventions à trois organismes qui documentent les violations des droits de la personne dans les territoires palestiniens.

À l'époque, la bande de Gaza se relevait d'une opération militaire lancée en décembre 2008 par Israël après une série de tirs de roquettes en provenance du territoire. Dans la foulée, Droits et Démocratie a versé trois subventions de 10 000$ à ces organismes.

Des membres du conseil d'administration de Droits et Démocratie ont jugé «douteux» les organismes bénéficiaires, Al Haq en Cisjordanie, B'Tselem en Israël et Al Mezan dans la bande de Gaza. Ils sont accusés d'avoir un parti pris anti-Israël. Les sommes sont finalement «répudiées».

Les dirigeants de Droits et Démocratie étaient nommés par le gouvernement, mais l'organisme restait indépendant. Depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, le choix de personnes proches de la droite et considérées comme pro-Israël a inquiété des membres de l'organisation. Ils ont dénoncé une ingérence politique. Les membres du conseil d'administration au coeur de la controverse ont défendu leur décision en disant que les subventions devaient être justifiables auprès des contribuables.

Des groupes reconnus de défense des droits de l'homme ont défendu publiquement Al Haq, B'Tselem et Al Mezan.

«Si nous critiquons Israël, nous ne sommes pas crédibles? Nous devenons des terroristes? C'est ridicule», dit Shawan Jabarin. À la tête d'Al Haq depuis 2006, M. Jabarin était particulièrement visé par les critiques: étudiant, il a été emprisonné pour son appartenance au Front populaire de libération de la Palestine, groupe considéré par Israël et le Canada, notamment, comme terroriste. Depuis 2008, un jugement de la Cour supérieure israélienne lui interdit de voyager puisqu'il est soupçonné d'être toujours membre de l'organisation.

M. Jabarin s'en défend et insiste sur le caractère apolitique d'Al Haq.

La porte-parole de B'Tselem, Sarit Michaeli, et M. Jabarin ont confirmé que les deux organismes ne recevaient pas de dons réguliers de Droits et Démocratie et que toute la controverse a eu finalement très peu d'impact sur leurs activités. Les sommes, provenant d'un budget discrétionnaire et officiellement «répudiées», n'auraient jamais été rendues, selon eux. Il a été impossible de joindre le directeur d'Al Mezan avant de mettre sous presse.