C'est avec conviction que je vous fais part de mon profond désaccord avec vos chroniques respectives qui écorchent les étudiants et les syndicats qui s'opposent à une nouvelle hausse des droits de scolarité. À quoi vous attendiez-vous ? Les jeunes souhaitent tout simplement bénéficier du même traitement que vous en matière d'accessibilité aux études universitaires.

C'est avec conviction que je vous fais part de mon profond désaccord avec vos chroniques respectives qui écorchent les étudiants et les syndicats qui s'opposent à une nouvelle hausse des droits de scolarité. À quoi vous attendiez-vous ? Les jeunes souhaitent tout simplement bénéficier du même traitement que vous en matière d'accessibilité aux études universitaires.

À titre d'exemple, Line Beauchamp, qui a étudié en 1985, a déboursé 1200$ pour une année d'université lorsqu'on actualise le coût de sa formation. Jean Charest a pour sa part payé 1500$. Moi, je paierai 2800$ en 2012, sans compter les hausses drastiques que proposent les universités.

On dit de ma génération - je suis né en 1991 - qu'elle boude les élections et qu'elle ne revendique rien. C'est vrai que ma génération travaille deux fois plus que celle de mes parents durant ses études et qu'elle a peut-être ainsi moins de temps pour manifester chaque semaine. Pourtant, lundi, 3000 étudiants ont bravé le froid pour revendiquer le même traitement que leurs prédécesseurs en matière de droits de scolarité.

Plutôt que de même faire semblant d'écouter la position des étudiants, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a annoncé d'emblée qu'il ne «fallait pas retourner à l'époque glacière des frais de scolarité». Comment voulez-vous que les jeunes se sentent représentés par un gouvernement qui fait la sourde oreille à toute demande étudiante?

Une politique de bas droits de scolarité a permis au Québec de s'émanciper et de rattraper son retard en matière d'éducation sur le reste du Canada. Toutefois, l'accessibilité aux études demeure fragile au Québec. En moyenne, 45% des diplômés sont des étudiants de première génération, c'est-à-dire des étudiants dont les parents ne sont pas allés à l'université. En région, cette statistique grimpe à 70%. Une nouvelle hausse représenterait un obstacle considérable pour un étudiant qui demeure à Saint-Félicien et qui doit déménager à Chicoutimi ou à Québec pour avoir accès à l'université. Augmenter les droits de scolarité aura un impact sur l'accessibilité au même titre qu'une hausse des tarifs d'électricité aura un impact sur la consommation d'énergie.

La corrélation entre les droits de scolarité et l'accessibilité est si réelle que présentement, au Canada, les jeunes provenant de ménages dont le revenu est de moins de 25 000$ fréquentent dans une plus grande proportion l'université que les jeunes dont le revenu familial se situe entre 25 001$ et 50 000$. La raison est bien simple: les étudiants provenant de familles moins nanties profitent de prêts ou de bourses étatiques, mais la classe moyenne est généralement exclue de ces programmes.

Une nouvelle hausse des droits de scolarité est donc une taxe directe à la classe moyenne, en plus d'augmenter la perception d'un endettement élevé, perception qui rebute beaucoup de jeunes et moins jeunes à entreprendre des études.

* L'auteur est étudiant en journalisme au cégep de Jonquière et vice-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).