Nous sommes en mai 1998. Un vent de contestation souffle sur les États-Unis, divisés sur l'attitude à adopter face à Kyoto. Parmi les contestataires se trouve un jeune sénateur méconnu qui, par vote, ose condamner le fameux protocole.

Dix ans plus tard, le même homme accède à la présidence de son pays. Le soir de sa victoire, devant une foule en liesse, il livre un discours électrisant où il reconnaît que « la planète est en péril ». Sa promesse : rasseoir son pays à la table des négociations post-Kyoto.

Le mantra électoral de son adversaire revient soudainement en tête : qui est le vrai Barack Obama ?

Beaucoup de choses ont été écrites ces derniers mois sur les positions environnementales du président désigné des États-Unis. On a vanté chaque fois ses engagements, loués par les écologistes. On s'est réjoui de sa volonté de mettre fin à l'isolationnisme et au scepticisme, caractéristiques des années Bush.

Mais s'est-on réellement penché sur les états de service d'Obama ? Sur son bilan législatif ? Sur ses accointances avec l'industrie ? Sur les intentions de ses bailleurs de fonds ?

Séduits par la promesse d'un temps nouveau, on semble avoir oublié, volontairement ou pas, de creuser à fond ces questions. Et surtout, d'y trouver des réponses.

Il ne fait aucun doute que le président désigné démontre une plus grande ouverture aux questions environnementales que le président en service. Il promet de réduire les émissions de GES de 80 % d'ici 2050, d'imposer une bourse climatique, de développer les énergies renouvelables, etc. Mais il n'est pas, pour autant, à confondre avec le prix Nobel Al Gore.

Son vote anti-Kyoto de 1998 le prouve, tout comme plusieurs autres de ses prises de position passées. En 1997, Obama approuvait l'utilisation d'argent public pour rouvrir d'anciennes mines de charbon. En 2001, il votait en faveur d'incitatifs à la construction de nouvelles centrales au charbon. En 2003, il appuyait l'instauration de subventions à l'agrandissement de ces mêmes centrales.

On l'aura compris, Obama est très favorable à l'industrie du charbon qui, en plus d'être omniprésente en Illinois, lui a versé plus d'un demi-million de dollars ces dernières années. Pas surprenant qu'au coeur de sa stratégie énergétique se trouve le développement du charbon liquéfié, une technologie controversée, car très polluante.

Notons que l'industrie du charbon, à elle seule, est responsable de 40 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis.

Cela, il est vrai, ne disqualifie pas plus Obama que ses promesses. Un interlude de huit ans prend fin, néanmoins, avec son élection. « Et un travail de nettoyage s'amorce », comme l'écrivait cette semaine Bill McKibben, auteur et écologiste américain.

Mais ce travail, on le voit bien, pourrait prendre plus de temps qu'anticipé. Il pourrait être ralenti par les pressions de l'industrie. Il pourrait aussi s'éclipser derrière des priorités jugées plus urgentes, comme la crise économique, la guerre en Irak ou celle d'Afghanistan.

Qui est le vrai Barack Obama ? Les prochains mois nous le diront.