Je me revois encore réprimer un bâillement à la conférence de presse où Julie Snyder nous a annoncé la tenue d'une quatrième mouture de Star Académie. C'était en juin dernier et à l'époque, j'étais convaincue que l'émission avait fait son temps et qu'elle était condamnée à plus ou moins brève échéance au déclin, voire à l'extinction. Le mouvement avait été amorcé avec une troisième année terne et décevante. L'effet de la nouveauté émoussé, que resterait-il pour cette quatrième version sinon la morne reprise d'un air trop connu? C'était oublier l'extraordinaire capacité de renouvellement de Julie et de son équipe. C'était aussi sous-estimer la puissance du réseau de la démone et l'ardeur de sa force de persuasion. Sans ces atouts majeurs, Star Académie 4 aurait sans doute été une émission semblable à la précédente, divertissante par moments, lassante et redondante le reste du temps. Mais Julie (ou quelqu'un de son entourage) a eu une idée de génie: elle a invité le roi des imprésarios à venir diriger son équipe et, contre toute attente, le roi a accepté l'invitation.

En persuadant René Angélil de bénir de sa présence l'émission, Julie venait d'un coup sec de changer la trajectoire d'une formule en déclin et de la faire renaître de ses cendres. À la fois aimant et locomotive, ce joueur «global» (à la fois local et international) a non seulement agi comme un stimulant sur le moral et l'ambition des académiciens, mais il leur a permis de se mesurer autant aux vedettes d'ici qu'aux grosses pointures internationales comme Lady Gaga, Bryan Adams ou James Taylor. L'effet Angélil a eu en même temps une incidence indéniable sur le corps professoral de l'Académie auquel se sont jointes des personnalités plus associées au monde de la culture qu'à celui du divertissement et qui, par le passé, auraient trouvé mille et une bonnes raisons de fuir le château Péladeau. Mais cette fois, il fut de toute évidence impossible de résister à la tentation de respirer le même air que René et Céline, tout comme à celle de rejoindre des centaines de milliers de téléspectateurs. Dernier effet Angélil: les galas du dimanche dont la qualité se devait d'être au rendez-vous, ne serait-ce que pour prouver à l'illustre agent qu'il avait eu raison de s'associer à l'entreprise.

C'est ainsi que Star Académie 4 n'a peut-être pas réinventé la roue mais, à tout le moins, a renouvelé le concept des variétés à la télé. Grâce aux moyens techniques consentis et à l'argent investi, l'émission a accouché chaque dimanche soir de productions de haut niveau, rythmées, rassembleuses et toujours réglées au quart de tour malgré les fausses notes et le talent très moyen de plusieurs académiciens.

Résultat: au lieu de se retrouver avec des cotes d'écoute en chute libre et une église dépeuplée, Star Académie 4 a battu des records d'écoute et rempli l'église. Plus important encore: les régions se sont littéralement emparées du phénomène et l'ont poussé à l'extrême, organisant ici et là des rassemblements et des mouvements d'appui dignes d'authentiques campagne électorale.

Cet engouement populaire, qui a même contaminé l'Assemblée nationale et provoqué le dépôt d'une motion d'appui de la députée péquiste de Matapédia, fut l'élément le plus émouvant de l'aventure. Voir ces milliers de jeunes de la Beauce, de Québec ou de Rimouski prendre fait et cause pour un gars ou une fille de leur coin, et tout mettre en oeuvre pour les aider à gagner, était impressionnant.

C'était impressionnant, mais c'était un peu triste aussi dans la mesure où cette mobilisation massive s'est faite autour d'un divertissement qui n'avait d'autre but que d'entretenir une forme d'intoxication extrême au vedettariat. Or, c'est bien beau les vedettes, mais ce n'est pas avec des vedettes qu'on fait des enfants forts ni des pays en santé.

Si un jour, le public de Star Académie comprend que se mobiliser pour un chanteur, c'est bien, mais que se mobiliser pour une idée politique ou un projet de société, c'est encore mieux, l'émission aura fait une véritable oeuvre sociale. En attendant, Star Académie a fait de nous des intoxiqués heureux mais des intoxiqués tout de même.

Guy Carbonneau et la monnaie

À l'occasion du centenaire du Club Canadien, la Monnaie royale canadienne a voulu souligner l'événement par la création d'une pièce de monnaie commémorative. Une campagne de pub a été imaginée par l'agence Tank avec Véronique Cloutier dans le rôle de la fille qui part à courir après la pièce, trébuche, tombe, glisse sur le plancher et finit en tête à tête avec un joueur de hockey. Au départ, ce joueur n'était nul autre que Guy Carbonneau, choisi pour sa notoriété et parce que tout indiquait qu'il serait l'entraîneur du Canadien pendant des siècles. La pub le mettant en vedette avec Véro a donc été tournée et devait être lancée... le jour du congédiement de Carbo. Pour parer à cette cruelle ironie du sort, une nouvelle pub a été tournée avec Jean Béliveau dans le rôle de Carbo. Cette pub est maintenant diffusée sur tous les réseaux. Chaque fois qu'il la voit, je me demande si Guy Carbonneau pense à Véro, à la Monnaie royale ou au patron qui lui a remis la monnaie de sa pièce sans lui donner son change.

Mes excuses au gars de Lac-Saint-Charles

Contrairement à ce que j'ai écrit samedi, le conseiller indépendant de Lac-Saint-Charles, Jacques Teasdale, n'a jamais dit que de voir le Moulin à images de Robert Lepage une fois c'était assez, ni qu'il refusait de payer la note du spectacle pour le gars de Brossard ou de Saguenay. Une malheureuse distraction m'a fait lui attribuer des propos prononcés en fait par le chef de l'opposition de la Ville de Québec. J'en suis désolée.

 

Photo: François Roy, La Presse

Pour renouveler la formule, qui commençait à s'émousser, les artisans de Star Académie ont invité le roi des imprésarios à venir diriger l'équipe et, contre toute attente, René Angélil a accepté l'invitation.