Les financiers arabes de Dubaï ont été clairs. Ils ne sont pas intéressés à acheter le Canadien ni intéressés à investir de façon minoritaire dans les compagnies de George Gillett. Encore plus, ils sont toujours prêts à acheter les Reds de Liverpool, le grand club anglais de football, mais à leurs conditions.

Ils ne sont pas pressés puisqu'ils estiment que les déboires financiers de M. Gillett et son conflit avec le copropriétaire Tom Hicks vont l'acculer à une vente forcée tôt ou tard.

À moins que M. Gillett ne vende le Canadien à un fort prix pour lui permettre de surnager dans ses dettes et continuer à faire rouler le reste de l'empire.

Ces informations, ce sont des spécialistes, envoyés en Autriche par un des groupes qui veulent acheter le Canadien, qui les détiennent. Ils ont rencontré les financiers de Dubaï pour tenter de voir clair un peu plus dans le jeu de surenchère de M. Gillett. Il fallait d'abord savoir comment allaient bouger ces milliardaires arabes. «On sait maintenant que le hockey ne les intéresse absolument pas. Ce n'est pas leur truc. Trop de sable sur la glace», a expliqué le responsable de cette mission en Autriche.

Par ailleurs, on m'a confirmé hier que Gillett rêve toujours de trouver des investisseurs prêts à lui faire confiance à hauteur d'au moins 400 millions en échange d'un pourcentage des actions de ses propriétés sportives. Guy Laliberté a réussi le coup en obtenant 600 millions US pour 20% du Cirque du Soleil. Mais on parle du Cirque du Soleil et de revenus garantis qui font rêver Gillett. Et on parle de Guy Laliberté. Il n'a pas encore fait une faillite de 961 millions US comme M. Gillett en 1991, et son empire financier du Cirque n'est pas hypothéqué comme celui de l'homme d'affaires américain.

Aux dernières nouvelles, M. Gillett n'avait toujours pas prévenu ceux qui ont déposé des lettres d'intention qu'il était maintenant prêt à vendre le Centre Bell, le Canadien et le Groupe Gillett. Quebecor et quelques très rares groupes intéressés complètent l'étude du dossier et les négociations n'ont toujours pas commencé.

Quant à Serge Savard, même s'il a parlé personnellement à M. Gillett, il n'a jamais eu confirmation que le Canadien et les autres joujoux étaient à vendre. Lui et ses associés attendent le prochain appel de M. Gillett.

Alex Harvey... Ça recommence

Quelle suffisance! Quelle arrogance! Je lisais et j'écoutais les positions des dirigeants de la fédération, celle de Thomas Holland, patron de la haute performance à Ski de fond Canada, et je revivais tous ces épisodes scandaleux vécus par les athlètes québécois dans les fédérations nationales canadiennes.

Ces fédérations sont le nid de vipères de la vie politique canadienne. Ou plutôt de la vie canadienne. C'est là que se vit la plus sournoise et la plus sale des discriminations. C'est là qu'on trouve les plus petits potentats qui jouissent de leur pouvoir comme peut jouir un cochon quand il se roule dans de la boue fraîche un jour de canicule.

On vous explique l'affaire Alex Harvey ailleurs dans nos pages. C'est la base de l'histoire. Vous aurez remarqué qu'encore une fois, c'est l'organisation et le programme qui ont priorité sur l'athlète et le citoyen. Qu'importe si Harvey a déjà connu la meilleure saison de l'histoire du ski de fond l'hiver dernier, qu'importe qu'il n'ait que vingt ans et qu'il veut poursuivre ses études en droit à l'Université Laval, qu'importe qu'il ait déjà fait la preuve l'hiver dernier que son entente avec Ski de fond Canada fonctionnait à merveille...

Qu'importe, ce qui compte, c'est le programme, c'est la fédération, ce sont les potentats.

Évidemment, il est impossible de compter sur le ministre des sports à Ottawa. Gary « Who » Lunn est trop occupé à gérer le patronage pour les Jeux de Vancouver. Il ne connaît pas Alex Harvey, il ne connaît pas Pierre Harvey et en passant, il ne doit pas connaîttre cette province de sauvages mal élevés qui s'appelle le Québec. Son boss, le ministre du Patrimoine ne la connaît pas, on l'a vu avec Guy-Arthur Lepage.

Heureusement, on a déjà eu un ministre junior compétent aux sports. Denis Coderre. Il est le seul en plus de 30 ans de métier à avoir fait un vrai travail et plus dans le sport. Hier, il était abasourdi de devoir encore se lever pour mettre un terme à une de ces folies opposant un athlète et sa fédération: «Le but premier des fédérations et de tout le programme du sport canadien, c'est de fournir l'environnement pour les athlètes. Mais on oublie parfois que sans l'athlète, il n'y a pas de sport et pas de fédération. Le programme d'entraînement d'Alex Harvey a fait ses preuves. Il a le droit à un environnement personnel qui lui permet de s'épanouir. Si c'était un sport d'équipe, on pourrait peut-être comprendre cet acharnement mais le ski de fond est un sport d'effort solitaire», a soutenu M. Coderre qui sait mieux que quiconque de quoi il parle.

Et d'ajouter l'ancien ministre: «J'ai mis en place un système d'arbitrage pour ces cas qui risquent l'abus. C'est une option. Mais c'est aussi au ministre Gary Lunn de s'en mêler. Qu'il exige que la fédération fasse amende honorable. Qu'il agisse comme un ministre», a lancé M. Coderre.

L'ancien ministre n'est pas le seul à se pencher sur le cas Alex Harvey. Me Marcel Aubut, président du Comité olympique canadien, travaillait sur le dossier hier après-midi. Il ne peut agir directement mais le poids moral du COC est important au pays.

Et la crédibilité et le prestige de Me Aubut sont tout aussi reconnus.

Guy Lafleur...

J'ai été inondé de courriels concernant Guy Lafleur. Quelques correspondants sont favorables à la condamnation de Lafleur mais la très grande majorité sont révoltés et ulcérés. Un avocat m'explique que c'est de la foutaise que la justice est la même pour tous. Il raconte que c'est plein de pauvres mères ou pères qui mentent pour essayer de sauver leur fils ou leur fille qui a commis des crimes. Dope, prostitution, agression, tout y passe: «Mais le juge ou le procureur s'en rend compte et leur rappelle qu'ils sont sous serments. On relève leurs témoignages contradictoires sous serment mais comme ils sont sur le bien-être social et déjà dans la merde, on laisse passer. Si Guy Lafleur avait été dans la misère ou sur le b.s, jamais on ne l'aurait poursuivi pour ces motifs. C'est certain. Je l'ai vu des dizaines de fois».

Guy Lafleur qui travaillait pour une compagnie conduisant des hélicoptères au Texas devra laisser tomber son emploi. Je lui ai parlé hier ainsi qu'à sa femme Lise. Ils sont dévastés. Totalement et complètement dévastés.

Mais la justice a triomphé.