Le salaire minimum passera à 9,50$ l'heure le 1er mai prochain, vient d'annoncer le ministre de l'Emploi Sam Hamad. Une nouvelle douce-amère. Même revu à la hausse, ce tarif de base demeure nettement insuffisant.

Le ministre Hamad n'est pas à blâmer. Le gouvernement Charest a tenu sa promesse d'augmenter le salaire minimum de 50 cents à deux reprises, en 2009 et 2010. C'est tout de même mieux qu'au tournant des années 2000, alors que les travailleurs ont dû se contenter de hausses minuscules ou inexistantes durant plusieurs années. Mais il n'y a pas de quoi aller s'acheter du champagne non plus.

 

À 9,50$ l'heure, un employé à pied d'oeuvre 40 heures par semaine aura environ 1000$ de plus dans ses poches à la fin de l'année. Mais son salaire annuel sera encore inférieur de 11% au seuil de faible revenu établi par Statistique Canada, souligne le Front de défense des non-syndiqué-e-s (FDNS). Pour se hisser au-dessus de ce seuil, une personne seule doit gagner un peu plus de 22 000$ par an avant impôt.

Québec, on s'en doute, voit les choses d'un oeil plus optimiste. Trop optimiste. Selon l'indice qu'il utilise, dès qu'une personne seule dispose d'un revenu disponible supérieur à 13 300$, elle n'est plus considérée à faible revenu. Ça marche peut-être sur papier, mais dans la réalité d'un employé qui doit se déplacer et se vêtir pour aller gagner sa vie, ça ne laisse pas beaucoup de marge pour les imprévus. Il ne serait pas étonnant qu'on en retrouve quelques-uns dans la clientèle des banques alimentaires.

Pour que tous les travailleurs à temps plein franchissent le seuil du faible revenu, ce n'est pas 0,50$ l'heure de plus qu'il aurait fallu, mais 1,66$, calcule le FDNS. Et dès 2009. Une idée généreuse, mais, hélas, impraticable. Beaucoup d'entreprises, surtout les plus petites, seraient incapables d'absorber un tel choc.

Il ne faut pas oublier que plus de 90% des employés au salaire minimum travaillent dans le secteur des services (hébergement, restauration, commerces de détail, etc.). Un domaine où il n'est pas facile de refiler les hausses de coûts aux clients. Si le taux horaire augmente trop brusquement, plusieurs entreprises n'auront d'autre choix que de limiter les heures pour contrôler leur masse salariale. Une conséquence peu souhaitable pour les employés, qui ne gagnent déjà pas une fortune lorsqu'ils travaillent à temps plein.

Le salaire minimum ne peut être augmenté que progressivement. Le gouvernement Charest, malgré les deux augmentations qu'il vient de consentir, doit demeurer sensible aux besoins des quelque 320 000 citoyens qui en dépendent. Mais les Québécois, en particulier les jeunes qui sont encore sur les bancs d'école, doivent aussi réaliser que le taux horaire de base offrira toujours des perspectives de revenu limitées. Et que s'ils aspirent à mieux, ils doivent développer leurs propres talents.

 

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion