On le compare à Tim Tebow, mais aussi à Harry Potter et à Rocky Balboa. Avec cinq victoires en autant de départs dans la NBA, la nouvelle coqueluche des Knicks, le meneur de jeu Jeremy Lin, soulève un engouement sans précédent à New York. Alors qu'il n'a été repêché par aucune formation majeure à sa sortie de l'université, Lin a cumulé une moyenne de 20 points à ses 5 premiers matchs chez les grands et est passé en quelques jours du statut de parfait inconnu à celui de vedette.

Au cours de la dernière semaine, le chandail #17 de Lin est devenu le plus vendu de la ligue. Le compte Twitter de l'athlète est passé de 10 000 abonnés à près de 200 000.

Si Lin, 23 ans, est devenu aussi populaire, c'est surtout parce qu'il présente le profil typique du «sportif négligé» (underdog). Après avoir terminé ses études à Harvard, pendant lesquelles il a mené son équipe en phases finales du championnat universitaire, Lin n'a pas été repêché. Il a été testé, sans succès, par Golden State et Houston. Puis, les Knicks sont venus le chercher en décembre, pour combler une formation hypothéquée par les blessures.

Quand les joueurs vedettes Carmelo Anthony et Amar'e Stoudamire se sont blessé au début du mois, l'entraîneur Mike D'Antoni a été contraint de faire jouer Lin. Malgré sa petitesse (1,91 m, 200 livres), le jeune joueur s'est rapidement imposé.

Il a compté une moyenne de 22 points par rencontre, dont 38 contre les Lakers de Los Angeles, ayant le dessus sur Kobe Bryant (35 points). Ces dernières victoires des Knicks sont d'autant plus spectaculaires que la formation new-yorkaise présentait une fiche de 11 défaites en 13 matchs avant l'arrivée de Lin.

Des performances exceptionnelles

Entraîneur-chef des Stingers de Concordia, John Dore estime que les performances de Lin sont «exceptionnelles». «Il a montré qu'il mérite de jouer à ce niveau-là. Je pense même que les Knicks devraient le laisser jouer quand les blessés reviendront», dit-il. Entraîneur de niveau collégial AAA au Collège Édouard-Montpetit, Patrice Deltell juge que Lin présente «une grande capacité cognitive et intellectuelle». «Il possède toute la structure pour briller en qualité de monteur de balle. Je suis très optimiste pour son avenir», affirme-t-il.

Avec un salaire de 762 195 $, Lin est une véritable aubaine. Depuis son arrivée, les ventes des Knicks ont bondi de 3000%. Ce soir, Lin affrontera les Raptors à Toronto. Le prix du billet le moins cher sera de 44 $. Le lendemain, les Raptors recevront les Spurs de San Antonio. Le billet le moins cher se vendra alors... 12,50 $.

Tout comme le quart-arrière des Broncos de Denver, Tim Tebow, Lin est ouvertement très religieux. Fils d'immigrant taïwanais, il est aussi le premier Sino-Américain à jouer dans la NBA depuis 1947. À la suite de la retraite du Chinois Yao Ming l'été dernier, la présence de Lin est une occasion en or pour la NBA, qui tente de séduire la communauté asiatique.

Les succès du jeune joueur se poursuivront-ils dans le futur? «Il est trop tôt pour se prononcer, croit Patrice Deltell. Attendons de voir comment il va vivre et supporter son ascension. Mais de mon point de vue, cet athlète, extrêmement travaillant et intelligent, saura sans nul doute tenir son statut de joueur majeur.»

«Il a le talent. Mais il doit perdre moins souvent le ballon. Et puisqu'il rentre très souvent au panier, il doit faire attention aux blessures», note John Dore.