La justice fédérale américaine a abandonné vendredi une enquête ouverte à Los Angeles il y a deux ans qui cherchait notamment à savoir si le septuple vainqueur du Tour de France Lance Armstrong et d'autres cyclistes américains avaient eu recours au dopage.

«Le procureur fédéral André Birotte Jr. a annoncé ce jour (vendredi) que le parquet abandonnait une enquête portant sur des allégations de crime fédéral par des membres et associés d'une équipe cycliste professionnelle en partie détenue par Lance Armstrong», a indiqué dans un bref communiqué le parquet de Los Angeles, sans expliciter les raisons de cette décision, ni nommer l'équipe en question.

Plusieurs personnes, dont l'ex-coéquipier d'Armstrong Tyler Hamilton et des anciens proches, avaient témoigné sous serment devant un grand jury fédéral dans le cadre de l'enquête mais aucune inculpation n'a jamais été prononcée.

«Je suis heureux d'apprendre que le procureur a clos son enquête, a indiqué Armstrong dans un communiqué transmis à l'AFP par son avocat Mark Fabiani. Il s'agit de la bonne décision. J'ai hâte de poursuivre ma vie de père, de compétiteur et de partisan du combat contre le cancer sans cette distraction».

L'Américain de 40 ans, en retraite sportive depuis début 2011 après un premier arrêt entre 2005 et 2008, a toujours nié s'être dopé et n'a jamais été sanctionné pour dopage durant sa prestigieuse carrière.

Très impliqué dans sa fondation Livestrong contre le cancer, une maladie qu'il a vaincue en 1997, ce père de cinq enfants a participé ces derniers mois à des triathlons tout-terrain (X-Terra).

L'Agence américaine antidopage (USADA) a réagi rapidement en indiquant dans un communiqué qu'elle entendait poursuivre sa propre enquête sur de possibles pratiques dopantes au sein du peloton professionnel américain.

«Sport propre»

«Contrairement au parquet, le travail de l'USADA est de promouvoir un sport propre plutôt que de faire respecter les lois. Notre enquête dans cyclisme continue et nous avons hâte de nous procurer les éléments recueillis lors de cette enquête fédérale», a expliqué le président de l'USADA, Travis Tygart.

Selon la presse américaine, l'enquête fédérale avait initialement été ouverte sur les pratiques de la modeste mais sulfureuse équipe américaine Rock Racing avant d'être élargie aux coureurs américains et notamment à l'équipe US Postal avec laquelle Armstrong a gagné six de ses sept Tours de France.

Les enquêteurs cherchaient notamment à savoir si des fonds publics avaient été utilisés au sein de l'US Postal pour des pratiques illicites comme le dopage.

En mai 2010, Floyd Landis avait avoué s'être dopé et avait accusé son ancien équipier Armstrong d'avoir fait de même. Un an plus tard, Tyler Hamilton, un autre ex-équipier, avait affirmé que le Texan avait eu recours au dopage.

Selon la chaîne CBS, même George Hincapie, ancien lieutenant et grand ami d'Armstrong, avait témoigné contre son ancien leader devant le grand jury de Los Angeles. Hincapie, toujours en activité, n'a jamais confirmé.

Cette enquête fédérale était dirigée par l'agent Jeff Novitzky, qui avait mené à bien l'affaire Balco, du nom d'un laboratoire de la région de San Francisco à l'origine d'un vaste scandale de dopage dans les années 2000.

À l'exception de l'athlète Marion Jones, qui a passé du temps en prison, les procès contre des sportifs de renom (Barry Bonds, Roger Clemens) qui ont découlé de l'affaire Balco n'ont jamais débouché sur des peines notables.

Parallèlement, une partie du public a progressivement commencé à s'insurger contre l'utilisation de l'argent du contribuable pour subventionner ce type d'enquêtes aux résultats mitigés, ce qui était un des arguments d'Armstrong.