Les acheteurs potentiels du Canadien de Montréal se sont faits discrets, hier, au lendemain de la bombe lancée par La Presse voulant que le propriétaire majoritaire George Gillett envisageait la possibilité de vendre son équipe de hockey.

Le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté - que plusieurs analystes considèrent comme l'homme d'affaires québécois le mieux placé pour acheter le Canadien - n'a pas voulu commenter. «Nous avons appris (hier matin) que le Canadien était possiblement à vendre. C'est une rumeur et M. Laliberté ne commente pas les rumeurs», a dit Renée-Claude Ménard, porte-parole du Cirque du Soleil.

Selon Forbes, Guy Laliberté est la deuxième personne la plus riche au Québec. Sa fortune personnelle est évaluée à 2,5 milliards US. Il a empoché 600 millions US (400 millions US après impôts), l'été dernier, en vendant 20% du Cirque à des intérêts des Émirats arabes unis. «Dire que M. Laliberté va acheter le Canadien parce qu'il en a les moyens, c'est une équation trop simple à faire», a dit Mme Ménard.

«On pense tout à suite à Guy Laliberté (comme acheteur potentiel), mais je ne sais pas s'il veut se divertir dans quelque chose où la création n'est pas un gros élément de contenu», a dit l'analyste financier Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques.

M. Nadeau pense plutôt que le Canadien pourrait être acheté par un consortium d'hommes d'affaires québécois et non par une seule personne. «Il ne faut pas se conter d'histoires, a commenté M. Nadeau. Il y a beaucoup de monde qui peuvent mettre 10 millions à Montréal. M. Gillett a mis 50 millions la dernière fois. C'est la différence. Il ne faut pas oublier que c'est plus compliqué de mettre 50 millions à cinq.»

Lors du lancement de sa biographie au début du mois, René Angélil avait indiqué à La Presse ne pas être intéressé à faire l'acquisition du Canadien. Hier, l'imprésario et mari de Céline Dion n'a pas rappelé La Presse. Au début des années 2000, M. Angélil avait refusé une entente similaire à celle qu'a acceptée George Gillett pour des raisons personnelles. Il venait alors de combattre un cancer.

En vacances à l'extérieur du pays, le pharmacien Jean Coutu n'a pu être rejoint. «La dernière fois que le Canadien était à vendre, M. Coutu n'avait pas démontré d'intérêt», a rappelé Hélène Bisson, directrice des communications du Groupe Jean Coutu.

Jim Balsillie n'a pas retourné les appels de La Presse, hier. En novembre dernier, le cofondateur de Research In Motion - la société qui a inventé le BlackBerry - avait révélé à La Presse que le Canadien était à vendre avant de nier ses propos le lendemain. George Gillett et Gary Bettman avaient aussi démenti que l'équipe était à vendre. Au cours des trois dernières années, Jim Balsillie a contacté sans succès quatre équipes de la LNH (Pittsburgh, Nashville, Buffalo et Atlanta) afin d'en devenir le propriétaire.

Quebecor n'a pas voulu commenter la possibilité d'acheter le Canadien. La Presse a été incapable d'obtenir les commentaires de Power Corporation du Canada et de Stephen Bronfman au moment d'aller sous presse. Le fils de Charles Bronfman - l'ancien propriétaire des Expos - avait jonglé avec l'idée d'acheter le Canadien au début des années 2000, mais il avait décliné en raison de la pression liée au statut de propriétaire de la mythique équipe de hockey.

Le club restera à Montréal

Hier midi, le président du Canadien, Pierre Boivin, a fait un discours attendu au Reine Élizabeth devant le Cercle canadien de Montréal. Les convives, qui espéraient en apprendre davantage sur l'avenir de l'équipe, ont été déçus. «Aujourd'hui, plusieurs d'entre vous se seraient attendus à ce que je vous parle des performances de notre équipe ou peut-être de la nouvelle du jour quant aux démarches financières de notre propriétaire. Vous comprendrez que je m'abstiendrai, car ce n'est pas le moment», a-t-il dit.

Aux médias qui le pressaient de questions, Pierre Boivin n'est aussi refusé à tout commentaire. À une exception. «Le club va rester à Montréal», a-t-il dit.

Le banquier Jacques Ménard, qui a obtenu le mandat de George Gillett d'évaluer les possibilités financières liées à l'avenir du Canadien, devait assister au discours de Pierre Boivin au Reine-Élizabeth. En raison des circonstances, M. Ménard, qui dirige l'équipe de BMO Marchés des capitaux à Montréal, s'est désisté. «Il ne commentera pas ce dossier», a fait savoir son porte-parole Ronald Monet.

Ancien président du conseil d'administration des Expos, Jacques Ménard avait reçu le mandat de Molson de trouver un acheteur pour le Canadien et le Centre Bell à la fin des années 90.

M. Ménard a aussi été un acteur de premier plan lors de la vente des Expos de Charles Bronfman à un groupe d'actionnaires québécois, puis lors de la vente des Expos de ce même groupe d'actionnaires québécois à l'homme d'affaires newyorkais Jeffrey Loria.