Au moins quatre groupes - deux québécois et deux américains - sont intéressés à acheter le Canadien de Montréal, le Centre Bell et le Groupe Spectacles Gillett, indique une source impliquée dans le processus de vente. La transaction pourrait être conclue d'ici la mi-juin.

Selon cet informateur, «il ne faut pas négliger ces investisseurs américains puisqu'ils font affaire avec un compatriote en George Gillett et qu'ils peuvent compter sur une devise qui les avantage d'au moins 15% sur leurs compétiteurs québécois.» De plus, même si le moment semble venu de rapatrier le Canadien dans le patrimoine québécois, ces deux groupes savent bien que la population demeurerait fidèle à son équipe et continuerait de dépenser ses dollars pour un autre propriétaire américain.

Quant aux deux groupes québécois, menés par Quebecor et Serge Savard, ils ont déjà rendu public leur intérêt pour acheter le Canadien. Quebecor étudie toutes les données fournies par le propriétaire George Gillett et son mandataire, le banquier Jacques Ménard. Serge Savard, lui, a discuté à au moins deux reprises avec Jacques Ménard, mais il préfère négocier directement avec M. Gillett.

Les choses progressent rapidement dans ce dossier. Des rencontres ont déjà eu lieu et d'autres sont prévues entre les acheteurs potentiels et les dirigeants de l'organisation, c'est-à-dire le président du Canadien, Pierre Boivin, et les responsables du Groupe Spectacles Gillett. On sait que le Centre Bell est un des édifices les plus fréquentés en Amérique du Nord. Année après année, il se classe parmi les cinq premiers pour le nombre de soirées occupées.

Au moins deux sources affirment qu'elles seraient très surprises si la vente du Canadien n'était pas conclue d'ici le 15 juin. Le repêchage annuel et les rencontres des dirigeants de la Ligue nationale auront lieu à Montréal le week-end de la Fête nationale. Il est difficile d'imaginer le Canadien recevoir ses 29 associés de la LNH sans avoir réglé l'épineuse question de la propriété de l'équipe.

Par ailleurs, on s'interroge sur le statut futur de Pierre Boivin. Il est probable que Quebecor et le groupe Serge Savard placeraient leurs hommes de confiance à la direction de l'organisation, mais au moins un des groupes américains semble pencher du côté du maintien de M. Boivin à la présidence.

«Toutes les données montrent que M. Boivin et ses vice-présidents ont fait un travail colossal avec le Canadien et le Centre Bell. Il est plus difficile d'évaluer tout l'aspect hockey qui semble relever directement de Bob Gainey, mais pour le reste, c'est certainement un succès. Le Canadien et le Centre Bell, on ne peut le nier, sont une excellente entreprise qui fait de substantiels profits», de dire un de ces informateurs.

Si les investisseurs américains ont l'avantage d'une devise plus forte que le dollar canadien et de négocier avec un compatriote, ils s'attendent cependant que M. Gillett, une fois qu'un prix aura été déterminé avec un acheteur, sente l'obligation morale de revenir auprès d'un acheteur local pour offrir une dernière chance à la communauté: «On pense qu'il est très possible que M. Gillett agisse de cette façon. Ce serait compréhensible», estime une source.

Toutes ces négociations et tractations se font dans la confidentialité la plus absolue. C'est une partie de plusieurs centaines de millions qui se joue et les personnes qui travaillent depuis des semaines sur ces dossiers sont tenues au secret.

Sans oublier que M. Gillett espère toujours le miracle d'un investisseur minoritaire qui lui permettrait de sauver son empire. Il n'a pas encore déclaré officiellement que le Canadien était à vendre même si le processus suit son cours.