La vente du Canadien à la famille Molson ravive le rêve de plusieurs amateurs de hockey à l'autre bout de l'autoroute 20. Des promoteurs espèrent que l'effervescence qui a entouré la vente du Tricolore incitera des investisseurs à ramener les Nordiques à Québec.

Au cours des dernières années, plusieurs groupes ont affiché le désir de construire un nouvel amphithéâtre dans la Vieille Capitale pour y ramener une franchise de la Ligue nationale de hockey (LNH).

Or, si trois consortiums québécois et deux investisseurs étrangers étaient intéressés à acquérir le Canadien, il est bien possible que des gens d'affaires soient intéressés à investir dans le retour des Nordiques, croient d'éventuels promoteurs.

«Si ces gens sont intéressés à acheter le Canadien, pourquoi est-ce qu'il n'y aurait pas de l'intérêt pour ramener le hockey à Québec? demande Mario Bédard, qui pilote le projet J'ai ma place. Et peut-être à coût moindre que ce que ça coûtait pour acheter le Canadien.»

Nouvel amphithéâtre

M. Bédard ne milite pas pour un retour des Nordiques comme tel. Il souhaite plutôt construire un amphithéâtre pour remplacer le défunt Colisée. Son objectif: y tenir des spectacles d'envergure. Mais il convient que son projet gagnerait beaucoup de l'arrivée d'un promoteur qui souhaiterait ramener le hockey professionnel à Québec.

Mark Charest, qui dirige LNH Québec, estime que la stratégie de la Ligue, qui consiste à établir plusieurs équipes dans le Sud des États-Unis, est un échec. Il a bon espoir que des propriétaires seront prêts à déménager leur club dans un marché où le hockey est déjà plus populaire. À condition qu'il y ait un auditorium qui puisse l'accueillir.

Son groupe souhaite donc bâtir un amphithéâtre à Saint-Augustin-de-Desmaures, une banlieue à l'ouest de Québec. La facture de base serait de 320 millions. C'est une pente abrupte, mais la vente du CH change la donne, croit M. Charest.

«Que la propriété du Canadien revienne à un investisseur québécois, pour nous, ça crée un engouement additionnel, a-t-il indiqué. On voit qu'il y a un engouement pour le hockey au Québec.»

Les groupes québécois qui n'ont pu mettre la main sur le CH, celui mené par Quebecor Média ou celui de Charles Bronfman, pourraient bien être tentés d'investir dans le retour des Nordiques.

Le gouvernement québécois aidera

Chose certaine, l'argent offert par Québec pour faciliter l'achat de la Sainte Flanelle sera sur la table si des investisseurs souhaitent le retour de leurs anciens rivaux. Le gouvernement avait offert des prêts de 100 millions par le biais d'Investissement Québec ou de la Société générale de financement (SGF) pour encourager des investisseurs locaux. Mais tout indique que les Molson n'en auront finalement pas besoin.

«Il faut que le plan d'affaires soit bon, il faut que le projet soit rentable, il faut qu'il y ait des capitaux derrière, affirme le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand. Si ces conditions sont remplies, je ne vois pas pourquoi, si les gens ont de la difficulté à se financer, on ne pourrait pas avancer un prêt de 100 millions, avec intérêts, dans des conditions similaires.»

La porte-parole de Quebecor Média, Isabelle Dessureault, n'a pas rappelé La Presse, hier. L'entreprise a fait savoir par le biais de sa filiale TVÀ qu'elle n'étudie aucun projet pour ramener la LNH à Québec.

Le Fonds de solidarité, lui, n'a pas fermé la porte à la possibilité de s'impliquer financièrement dans un deuxième club au Québec. «Nous étudierons toutes les demandes qui nous seront soumises, comme le veut notre politique interne», a indiqué Josée Lagacé.

- Avec Violaine Ballivy