La victoire du Canadien de Montréal a créé l'euphorie mercredi soir au centre-ville de Montréal. Malgré une grande agitation et des périodes de tension, la police n'a recensé aucun dégât majeur.

À minuit et demi, Ian Lafrenière, responsable des relations médias du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), a dressé un bilan positif de la soirée.

«Ça s'est bien déroulé, a-t-il dit. Ç'a été festif, mais les gens ont bien répondu à l'appel des policiers. On ne signale aucun dommage aux commerces ou aux véhicules.»

La fête a débuté dès la fin du match. À 22h, des milliers de partisans ont envahi la rue Sainte-Catherine entre les rues Peel et Crescent. Armé de drapeaux aux couleurs du Canadien, les fans ont défilé dans le secteur, déjà sous haute surveillance policière.

La plupart provenaient du Centre Bell et des nombreux bars du centre-ville où le match de la victoire a été présenté. Le Canadien a battu les Capitals de Washington 2-1 dans le septième et dernier match de sa série quart de finale de l'Association de l'Est.

«C'est l'euphorie! a lancé Caroline Denis. On a senti la tension durant tout le match. À la fin, il y a eu un grand sentiment de relâchement et les partisans ont instantanément commencé à faire la fête dans la rue.»

«Je pense que le Canadien vient de tourner une page d'histoire, donc il fallait s'attendre à un party, a observé Maxime Labelle. Moi, en tout cas, je vais fêter toute la nuit !»

L'hélicoptère de la Sûreté du Québec a survolé les rues du centre-ville et des policiers à cheval et à vélo ont tenté de se frayer un chemin dans la foule.

Les trois groupes d'intervention de la métropole - qui comprennent une section antiémeute - ont été dépêchés, a indiqué Ian Lafranière.

À 22h15, l'agitation a commencé à grimper. L'escouade antiémeute a établi un périmètre de sécurité à l'angle des rues Crescent et Sainte-Catherine. Des attroupements s'y sont créés, si bien qu'il était impossible de circuler. La rue a été bloquée et des fans en délire ont commencé à grimper sur les véhicules.

À 22h30, un autobus de la Société de transport de Montréal s'est immobilisé à l'angle des rues Peel et Sainte-Catherine. De nombreux partisans ont grimpé sur le véhicule ou sont entrés à l'intérieur. Ils ont rapidement été chassés par l'escouade antiémeute.

Gaz poivre

À 23h, la tension était de plus en plus palpable entre les fêtards et les policiers. Des partisans ont lancé des bouteilles aux agents de la paix. Certains d'entre eux ont utilisé du gaz poivre pour disperser la foule.

L'intervention a déplu à Adam Kahalil, qui toussait après avoir été incommodé à l'intersection de Peel et Sainte-Catherine. «Pourquoi ils ont fait ça ? Ils n'avaient pas de raison», s'est-il plaint.

D'autres partisans ont déploré l'agressivité de certains fêtards. «C'est stupide, a dit Simon-Pier Gosselin. À la télé, Montréal aura l'air d'une ville d'idiots, mais c'est vraiment une minorité qui fait le trouble.»

Les policiers ont commencé à évacuer la rue Sainte-Catherine vers 23 h 30. Armés de boucliers et de matraques, ils ont fait circuler les manifestants vers les rues transversales de l'est vers l'ouest.

Plusieurs policiers se sont placés devant les devantures des commerces, sans doute pour éviter un saccage comme ce fut le cas en 1993 lorsque le Canadien a remporté la Coupe Stanley.

Pendant ce temps, des fans ont lancé des feux d'artifice sous l'acclamation de la foule, qui était déjà beaucoup moins dense qu'au début.

Vers minuit quinze, les derniers groupes de fêtards avaient été maîtrisés. La circulation avait repris rue Sainte-Catherine à un bon débit. Les policiers surveillaient encore la situation de près, mais tout semblait s'être résorbé. Le SPVM a signalé seulement trois arrestations pour voies de fait, voies de fait sur un agent de la paix et port d'arme.

Fermer la rue Sainte-Catherine?

Laurent Bédard, qui a assisté au match dans un bar, a déploré le manque d'espace offert aux partisans pour célébrer la victoire. Les policiers auraient dû fermer la rue Sainte-Catherine dès le départ, a-t-il dit.

«On est ici pour faire le party, a-t-il lancé. Pourquoi ferme-t-on la rue Saint-Laurent lors de la coupe du monde de soccer mais qu'on ne le fait pas pour le hockey? Le problème, ça été la circulation.»

Le SPVM avait toujours en mémoire les émeutes du 21 avril 2008, quand le Canadien a éliminé les Bruins de Boston au terme des huitièmes de finale lors d'un match à domicile. Des commerces avaient été saccagés et une quinzaine de voitures de police avaient été endommagées dans le centre-ville.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Un policier anti-émeute se fraie un chemin à travers la foule.