Guy Carbonneau et Patrick Roy ont partagé le même vestiaire, celui du Canadien de Montréal, pendant neuf saisons. Mercredi prochain, au Colisée Pepsi, les deux hommes croiseront le fer, non pas à titre de joueurs, mais bien comme entraîneurs-chefs de deux équipes de la LHJMQalors que les Saguenéens de Chicoutimi, alma mater de Carbonneau, rendront visite aux Remparts de Québec, dirigés par Roy. Que pensent-ils l'un de l'autre? Réjean Tremblay leur a posé la question.

«C'était un bagarreur, un gagnant qui avait la défaite en horreur.»

Guy Carbonneau aura peut-être le temps de piquer un brin de jasette avec Patrick Roy, mercredi prochain, avant l'affrontement entre ses Saguenéens de Chicoutimi et les Remparts. Il n'en fait pas une grosse histoire, mais il aimerait prendre quelques minutes avant le duel. Le temps de se donner les dernières nouvelles.

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Les deux hommes ont partagé de grands moments. Ils ont gagné deux fois la Coupe Stanley ensemble avant d'aller en gagner d'autres à Dallas et au Colorado: «Mes souvenirs les plus vifs avec Patrick sont ceux de la conquête de la Coupe de 1986. Il n'avait que 20 ans et on apprenait à le connaître. Ce n'était pas un gros parleur. Même plus tard dans sa carrière, Patrick ne jasait pas beaucoup dans le vestiaire. Il était concentré sur ce qu'il avait à faire», se rappelait Carbo cette semaine.

«C'était un bagarreur, un gagnant qui avait la défaite en horreur. C'était une époque où il n'y avait pas de psychologue dans les équipes. Même quand François Allaire était absent, Patrick s'acharnait à trouver les failles dans son jeu quand il accordait trois ou quatre buts. À l'exercice du lendemain, il travaillait tant qu'il n'avait pas trouvé une solution. C'était un grand perfectionniste», de dire Carbo.

«Comme on demeurait dans le même coin, on partageait souvent la même voiture. Même là, je dirais qu'on parlait 99% du temps de la game. De hockey. Genre, comment aider l'équipe. On ne discutait pas beaucoup de nos vies personnelles, de nos enfants. C'était autre chose.

«Ses plus grands discours dans le vestiaire servaient à donner confiance à l'équipe. Il disait parfois, dans les gros matchs: «Comptez-en un ou deux et on va gagner parce que moi, j'en donnerai pas plus qu'un, je le garantis», de se rappeler M. le président des Saguenéens avec un sourire amusé dans la voix.

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Les voies des deux hommes se sont éloignées. Patrick est parti au Colorado, Carbo à Dallas. Puis, Patrick a plongé à fond dans l'aventure du junior. Pendant ce temps, Guy Carbonneau devenait entraîneur-chef du Canadien et demeurait président des Saguenéens. Il y eut l'incident disgracieux impliquant Jonathan Roy et Bobby Nadeau qui a opposé les deux organisations dans le grand public, au niveau de la Ligue de hockey junior majeur et même devant les tribunaux. Patrick Roy et Guy Carbonneau sont actionnaires importants dans leur organisation: «À un moment donné, on s'est parlé, mais je me rappelle très vaguement ce qu'on a pu se dire. Eux autres soutenaient que Bobby Nadeau aurait au moins dû essayer de se défendre. Finalement, la crise s'est réglée, ça fait partie de l'histoire», de dire Carbo.

Quand les propriétaires des Saguenéens ont décidé de congédier Richard Martel, coach et directeur général de l'équipe, ils ne pouvaient pas compter sur la garantie formelle que Carbonneau accepterait de le remplacer et d'au moins terminer la saison: «On s'est parlé plusieurs fois de sa participation avec les Remparts. Comment c'était de partir tous les jours travailler avec les jeunes. Pour Patrick, il a eu la chance de travailler avec ses gars, c'est encore plus fort. En plus, il l'a dit, il n'a aucun problème avec les voyages, même qu'il aime ça. Je pense qu'il s'engage à fond avec les Remparts par amour. Ce n'est certainement pas pour l'argent. L'argent, il l'avait déjà. Et puis, ce n'est pas pour la gloire ou la reconnaissance, il l'avait déjà aussi», dit-il.

Carbo a donc retrouvé Bobby Smith et Patrick Roy dans les arénas de la LHJMQ. Il a fait son premier voyage à Val-D'Or et il a connu défaites et victoires: «J'adore le challenge, je suis content de la façon dont les choses se passent. C'est une responsabilité importante de diriger les jeunes et j'en suis conscient», dit Carbo.

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Mercredi soir, peut-être que Casseau et Carbo n'auront pas le temps de jaser avant le match: «Mais on va se retrouver après puisqu'on va participer tous les deux à L'antichambre.»

Si Mario Tremblay et Michel Bergeron sont de l'émission, l'un va retrouver deux coéquipiers qui l'ont fait vibrer et l'autre deux adversaires qui lui ont fait passer des nuits blanches.

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