Vous souvenez-vous de la dernière fois où l'arbitre a été bon? Du jour où l'officiel vous a fait cadeau d'un but qui procurait la victoire à votre équipe? Vous savez, ce match serré que vous n'auriez pas gagné n'eût été du brio de l'homme en noir... Ça ne vous dit rien? Vraiment? Pourtant, à en croire l'adversaire, on jurerait que l'arbitre était le principal artisan de la défaite. Tout est question de perception, semble-t-il...

Même lorsqu'ils sont du côté des vainqueurs, il est particulièrement rare que joueurs et entraîneurs envoient des fleurs aux officiels. En cas de défaite, on crie au vol, on croit au complot, on demande une enquête ou on menace de déposer un protêt. Victime d'une décision malencontreuse? Pas question de tendre l'autre joue.

Nul doute que le revers subi à Columbus, samedi, a été dur à accepter pour l'Impact et ses partisans. Un match frustrant qui oblige les belligérants à bien maîtriser leurs émotions. Bien que ça aille à contre-emploi, les joueurs ont tout intérêt à rester zen envers les officiels. Comme le disent les Ultras, n'est-ce pas pour cela qu'on leur fait faire du yoga?

À tort ou à raison, l'Impact a par moments, durant son histoire, été perçu comme un club qui manquait de respect aux arbitres. Amendes et suspensions entachent le dossier disciplinaire d'une équipe qui n'avait pas l'habitude de se gêner pour protester de manière excessive lorsqu'elle n'acceptait pas les décisions des hommes ou des femmes en noir. C'était en deuxième division. De l'histoire ancienne, n'est-ce pas?

Une équipe combative

La réputation de l'Impact reste encore à construire en MLS. Je n'irais pas jusqu'à dire que le lourd passé du club est connu dans le circuit Garber, ou bien qu'il sert de modèle à la formation de Jesse Marsch. Néanmoins, le onze montréalais est déjà l'équipe qui commet le plus de fautes dans la ligue depuis le début de saison. La ligne est mince entre un groupe combatif qui ne craint pas le jeu physique et une équipe qu'on perçoit comme vicieuse.

Marsch lui-même avoue craindre que son passé de joueur sans compromis, sévère critique du travail de l'arbitre, n'entraîne un préjugé à l'égard de son équipe de laquelle on attendra le même genre d'attitude. «Je connais bien les arbitres, je leur parlais à l'époque où j'étais joueur. J'entends parfois dire que mon équipe est dans le moule Jesse Marsch. J'espère qu'on dira que mon équipe est meilleure que je ne l'étais comme joueur!»

À propos du nombre de fautes commises, Marsch considère que le match d'ouverture contre les Whitecaps de Vancouver pèse lourd dans la balance. «Je pense qu'on nous a décerné 26 fautes. L'arbitre a signalé plusieurs contacts mineurs qui n'étaient pas vraiment [des fautes].» L'entraîneur rappelle cependant qu'il ne changera pas son approche par rapport au niveau d'intensité et d'engagement de son équipe.

Marsch ajoute qu'il n'envisage pas de faire appel des décisions de l'arbitre à Columbus, notamment le carton rouge à Jeb Brovsky. Son expérience au sein du comité disciplinaire de la ligue - il y siégeait quand il était entraîneur-adjoint à l'équipe nationale américaine - lui fait croire qu'il a probablement plus à y perdre qu'à y gagner, d'autant plus qu'on cherche à renforcer la crédibilité des officiels de la MLS après quelques années mouvementées. «On choisit nos batailles.»

Voilà de sages paroles de la part d'un entraîneur qui aura bien pris le temps de méditer sur le message qu'il désire transmettre à ses joueurs après la défaite de samedi. Alors qu'on se prépare à aborder une séquence de trois matchs en huit jours, le moment est idéal pour démontrer que l'exemple vient d'en haut.